L’amour divin croissait de jour en jour dans le cœur de Rose, et il plut au Seigneur de rendre visible en diverses circonstances le feu qui la consumait. Une personne qui, par extraordinaire, passa une fois la nuit dans la chambre où couchait la servante de Dieu, vit des rayons lumineux se projeter au milieu des ténèbres. Très étonnée de ce phénomène, elle voulut en connaître la cause. Rose s’était levée sans bruit pour faire oraison, et les rayons aperçus par sa compagne partaient de son visage.
Combien de fois encore le prêtre qui lui donnait la communion aperçut sa tête entourée d’une auréole brillante ! Le P. Louis de Bilbao attesta qu’en lui présentant la sainte hostie, il avait peine à soutenir l’éclat de son visage qui paraissait en feu.
Juan de Lorenzana remarqua également qu’un changement merveilleux s’opérait sur ses traits quand elle s’approchait de la sainte Table : « On eût dit, affirmait-il, la tête radieuse d’un corps déjà glorifié. »
Tout cela se passait avant la communion. Qu’était-ce quand la pieuse vierge possédait dans son cœur Celui qui est venu apporter le feu sur la terre? Aucune expression ne saurait rendre ces choses ineffables. « Quand je communie, dit-elle à un de ses confesseurs, il me semble qu’un soleil descend dans ma poitrine. Voyez ici-bas : le soleil ranime tout par sa chaleur et sa lumière ; il colore les fleurs et fait mûrir les fruits ; ses rayons pénètrent dans les eaux de la mer, ils font miroiter les pierres précieuses sur les montagnes, il réjouit les petits oiseaux, éclaire et t vivifie l’univers. Eh bien ! voilà ce que fait dans mon âme la chair de Jésus-Christ. Elle relève tout ce qui était languissant; sa présence réchauffe, éclaire, illumine. »
Le pain eucharistique la fortifiait à tel point qu’elle ne prenait généralement aucune autre nourriture de toute la journée. En vain la pressait-on de rompre son jeûne : « La table du Seigneur m’a si bien nourrie, répondait-elle, que je ne puis rien manger. » L’expérience le prouva, une seule bouchée de pain ou quelques gouttes d’eau lui causaient alors d’affreux étouffements. Voilà pourquoi, quand elle communiait chaque jour, pendant l’octave de certaines fêtes, il lui arrivait parfois de passer la semaine entière sans prendre aucun aliment.