Cette nuit-là, j’avais aperçu la Très Sainte Vierge qui m’invita à porter mes pas sous un long berceau de roses: Ces roses, non seulement descendaient en festons le long des pilastres, se suspendaient en bouquets aux arceaux, mais encore jonchaient le sol à profusion, exhalant un parfum inexprimable. Pour les écraser le moins possible, je retirai mes chaussures, mais au premier pas, je m’aperçus que ces fleurs merveilleuses cachaient de redoutables épines. Je retournai donc me rechausser et repris mon chemin, suivi maintenant d’un groupe de compagnons. La beauté des fleurs et leur enivrante senteur séduisaient la troupe et l’entraînaient; mais ces roses mettaient en sang les jambes, les mains et les visages. Des spectateurs placés des deux côtés de la tonnelle, murmuraient: « Oh! Don Bosco qui marche sur un tapis de roses! L’heureux homme! ».
Les prêtres et les jeunes clercs, qui, à ma suite avaient enfilé la route dans un enthousiasme joyeux, capitulaient dès les premiers pas. « On nous a trompés » gémissaient-ils, et ils rebroussaient chemin. Devant cette trahison, Je me mis à pleurer : « Est-ce possible, murmurai-je, que je doive arriver seul au but ! »
A ce moment s’avança une troupe de prêtres, de clercs et de laïcs qui, d’un air décidé, me dit : « Prends-nous ; nous sommes disposés à te suivre partout. » Je me mis alors à leur tête, et presque tous mes nouveaux compagnons atteignirent avec moi la sortie de la tonnelle. Mais dans quel état! Epuisés, amaigris, tout ensanglantés! A cette minute, un vent léger se leva, cicatrisa nos plaies et rétablit nos forces. Une brise souffla ensuite et, comme par enchantement, je me trouvai au milieu d’une multitude de jeunes gens que ces prêtres, ces clercs et ces laïcs amusaient, guidaient et éduquaient.