Quelques témoignages recueillis par Eva Karene Bartlett à Donetsk :
Depuis huit ans notre Donbass est constamment bombardé. Des enfants meurent ; des gens meurent et c’est très effrayant. L’avenir a été volé à nos enfants. Les gosses ne savent pas ce qui les attend le lendemain. Nous ne savons pas ce qui nous attend demain. Nous voulons que le monde entier nous entende, que l’Europe nous entende, que les Etats-Unis nous entendent. Que ce n’est pas juste un jeu à sens unique, qu’il n’y a pas deux poids deux mesures, nous voulons que tout le monde soit traité de la même façon. Nous voulons que vous compreniez que des gens vivent réellement ici, et qu’ils ont le droit de choisir. Et nous vous demandons de nous laisser aller, enfin. Nous voulons vivre dans la Fédération de Russie. Nous voulons vivre avec des gens qui nous comprennent, qui nous soutiennent, et font certaines choses pour nous tout le temps. Donc, s’il vous plaît, laissez-nous partir. Nous espérons des choses réellement positives du référendum. Nous attendons de réelles décisions du référendum, de sorte que nous arrêtions les bombardements. Pour que finalement nous vivions en paix, pour que nos enfants aient un avenir, et pour que nous soyons réunis à nos familles et puissions communiquer avec nos familles qui sont séparées de nous. Et, finalement, pour que nous puissions définir un avenir pour nos enfants. Merci.
Nous sommes très heureux que cela arrive finalement. Eh bien, que puis-je dire d’autre ? Nous avons attendu longtemps que ça arrive, voilà pourquoi nous sommes follement heureux.
Je pense que ce sera mieux. D’abord, une vie en paix. Il y aura du travail, les salaires seront décents, meilleurs. Quoi d’autre… Je pense que la paix est toujours bonne, nous pensons qu’avec l’arrivée de la Russie nos vies deviendront paisibles.
Ces huit dernières années, c’était dur, très dur. Avec le travail, problèmes de salaires. Des bombardements constants. On marche et on regarde autour de soi avec une tension nerveuse.
J’ai voté au travail. Nous sommes pour la Russie, nous faisons partie de la Russie, nous avons toujours été avec la Russie et nous sommes très heureux qu’on nous ait demandé de voter même s’il y a des combats en ce moment. Nous voulons rentrer chez nous.
C’est un événement très attendu. Nous l’attendons depuis 8 ans, comme un retour à la maison. Cela fait longtemps que nous ne sommes pas en Ukraine. Nous avons une mentalité complètement différente. Je crois que la Russie est notre patrie, et nous retournons dans notre patrie.
(Un retraité qui a fait bénévolement de sa voiture un bureau de vote itinérant) Pourquoi faites-vous cela ? – Pour rejoindre la Russie plus vite. Les Ukrops me rendent malade. Bon, il y a des bombardements, mais nous y sommes habitués. Le principal est que la paix vienne vite et tout le reste ira bien. Je crois que le résultat du référendum sera positif. Tous les gens ici sont d’accord pour que ça aille plus vite. Il n’y avait pas de guerre en Russie. Tout ira bien. Alors le pays trouvera la paix plus vite.
(Une femme qui fait du porte-à-porte pour le référendum). Les bombardements dans mon quartier, je ne peux pas dire que nous y soyons habitués. Il est impossible de s’y habituer. Mais nous avons compris qu’il valait mieux qu’un petit nombre d’entre nous prenne le risque plutôt que les résidents. C’est pourquoi nous faisons voter dans les maisons. Il y a des bombardements tout le temps, le soir, le matin, et hier une petite fille a été tuée près d’ici. C’est pourquoi nous avons organisé cela : pour que les gens restent chez eux. (En occident on dit que ce référendum est une imposture, qu’est-ce que vous répondez ?) Prouvez quelque chose à quelqu’un n’est pas notre but principal, vous comprenez ? Parce que huit années et demie de notre vie ici dans ce quartier ont montré qu’il était inutile de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit. Nous vivons la vie et les valeurs et les traditions que nous avons. Donc je ne sais pas comment le prouver. Nous vivons seulement à notre façon.
(Une autre femme de l’équipe) Nous voulons marquer un point. Nous avons rassemblé toutes nos dernières forces et nous voulons finir le boulot avec ce référendum et prouver que nous sommes réels. Pour exprimer notre volonté.
(La première reprend la parole) Vous savez, je pourrais dire de façon générale que l’événement de ces jours-ci, c’est davantage une formalité pour nous, pour les résidents de la République populaire de Donetsk. Nous avons pris notre décision il y a huit ans et demi, vous savez ? Nous ne pouvions pas le faire, nous le faisons maintenant.
Il y a d’abord le soldat et l’enfant. Le soldat est là pour protéger un groupe de femmes qui font voter dans la rue. Il se tient à distance pour ne pas interférer (on voyait cela aussi dans le bus filmé par Graham Phillips, le soldat se tenant tout à l’arrière du bus). – En Occident on dit qu’on vous force à voter. Avez-vous été forcée à voter, et avez-vous quelqu’un qui était obligé de le faire ? – Non, personne ne m’a obligée. Je réside dans ce quartier, j’ai voté volontairement. Beaucoup de gens demandent : où je peux voter, et quand ? Et nous le leur expliquons si nous le pouvons. (Êtes-vous fière qu’il y ait ce référendum ?) Bien sûr nous en sommes fiers. Nous avons attendu tant d’années que cela arrive. Notre réunion sera, comme on dit, un retour à la maison.
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A la sortie du marché de Marioupol on fait la queue pour participer au référendum.
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La vidéo de Patrick Lancaster à Marioupol :
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