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Modestia vestra

Comment traduire ce mot de modestia dans l’épître et dans l’introït de ce dimanche ?

En fait on ne peut pas vraiment. Déjà en latin le mot modestia a tout un éventail de sens : c’est la conduite qui garde la mesure, la discrétion, la docilité, la douceur, la pudeur, la dignité, la bienséance, le sens de l’honneur…

« Modestia » traduit (fort bien, dans tous ses sens) le grec ἐπιεικὲς, (épiikès) qui est un adjectif substantivé. L’épikie, nous dit le P. Spicq, c’est, dans l’Ancien Testament, la clémence qui modère la justice. Dans le grec hellénistique, c’est la modération et la juste mesure, c’est être équilibré en sa mentalité et en son comportement : vertu nécessaire au candidat à l’épiscopat (I Timothée). Le plus souvent l’accent est mis sur la douceur. « Il se révèle alors que l’épikie hellénistique est d’abord et avant tout une vertu du cœur, ouvert, conciliant et confiant à l’égard du prochain. Non seulement elle est opposée à la méchanceté et à la violence, mais, toute douceur et gentillesse, elle se laisse persuader et fléchir et se résigne même lorsqu’on est lésé. » « Finalement, l’épikie néotestamentaire n’est pas seulement modération et mesure, mais bonté, courtoisie, générosité. Davantage encore elle évoque une certaine gracieuseté, de la bonne grâce. » Et le P. Spicq propose de traduire le mot par « sympathique équilibre » dans ce verset de saint Paul.

On comprend bien ce qu’il veut dire, mais « sympathique équilibre » ne me paraît pas bon. Je ne vois pas un prédicateur demander aux fidèles que leur « sympathique équilibre soit connu de tous les hommes »…