Sans surprise, le service d’État ukrainien « pour l’ethno-politique et la liberté de conscience » refuse d’enregistrer le patriarcat roumain en tant qu' »Église orthodoxe roumaine d’Ukraine » sur le territoire ukrainien. C’était la parade qu’avait trouvée le patriarcat roumain pour sauver les 130 paroisses et monastères roumanophones de Bucovine quand l’Église orthodoxe ukrainienne sera interdite. Le service d’État « pour l’ethno-politique et la liberté de conscience » se paie le luxe d’expliquer que la création d’une telle structure contredirait « le principe de localité, qui est fondamental dans l’ecclésiologie orthodoxe »… Il précise aussi que ces communautés pourraient passer sous l’autorité de l’Église du pouvoir au sein d’un « vicariat roumain », comme il y a en Roumanie un vicariat ukrainien au sein de l’Eglise orthodoxe roumaine.
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Le ministère ukrainien de la Culture a exigé par une lettre datée d’hier que les moines des Grottes de Kiev « enlèvent les effets personnels » d’un nouveau bâtiment avant aujourd’hui 16h : la chapelle de l’icône Source vivifiante, soi-disant pour y faire célébrer des offices par des aumôniers militaires. Le soir même (hier soir) les scellés étaient posés.
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Le patriarche Bartholomée a reçu hier le « métropolite Epiphane » (Serge Doumenko) de l’Église du pouvoir, et Viktor Yelensky, le chef du service d’État « pour les affaires ethniques et la liberté de conscience » (avec d’autres ecclésiastiques ainsi que l’ambassadeur, le consul et le vice-consul d’Ukraine en Turquie). Ils étaient porteurs d’une invitation officielle à Kiev de l’ex-président à Bartholomée. Un déjeuner offert par le patriarche a suivi la rencontre.
Le patriarche a déclaré qu’il soutenait « tout ce qui vise à faire du bien à l’Ukraine », notamment l’initiative de Zelensky concernant l’« indépendance spirituelle » de l’Ukraine (selon le bureau présidentiel). Adoptant l’inversion accusatoire la plus typique, il a appelé à « diffuser la vérité sur la liberté religieuse en Ukraine et sur ceux qui tentent de la détruire »…
Ainsi le pitoyable Bartholomée continue-t-il de soutenir ouvertement l’Eglise du pouvoir ukrainien, qu’il a fabriquée en 2018 avec Porochenko et la CIA, alors même qu’il sait très bien que depuis lors pas un seul évêque de l’Église orthodoxe ukrainienne n’a rejoint la secte, et que les églises prises de force sont vides…
Perseverare diabolicum.
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Les dernières discussions, au Parlement ukrainien, sur le projet de loi interdisant l’Église orthodoxe ukrainienne, portent sur le délai qui sera laissé aux communautés pour rejoindre l’Eglise du pouvoir (six mois ou un an ?), et sur la composition de la commission qui sera chargée de définir si une communauté « dépend de l’Etat agresseur ».
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Dans le cinquième (sic) procès intenté congre le métropolite Théodose de Tcherkassy, le tribunal a ordonné son assignation à résidence de nuit, une mesure purement vexatoire. L’évêque a déclaré :
« Je ne me cache pas et je ne me considère coupable d’aucune des procédures pénales engagées contre moi. C’est pourquoi je souhaite prouver que je ne suis pas coupable. En outre, les initiateurs de ces procédures travaillent pour que je quitte l’Ukraine et que je sois échangé contre des prisonniers. Or je veux prouver devant les tribunaux ukrainiens que je ne suis pas coupable. Deuxièmement, comment l’assignation à résidence de nuit peut-elle m’empêcher d’influencer les témoins ? Je n’ai aucun désir ni aucune tentative d’influencer les témoins. Je ne me considère pas comme coupable et je pense que nos tribunaux prouveront mon innocence. »