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François et les conférences épiscopales

L’une des nombreuses « premières » de l’« encyclique » de François est la présence massive de références à des documents de diverses conférences épiscopales.

La raison en est que François veut donner des compétences doctrinales aux conférences épiscopales (même en matière de… climat) : il le leur donne donc déjà en pratique. Leurs documents sont mis sur le même plan que le magistère de l’Eglise.

Il avait déjà commencé avec son fourre-tout, pardon, son exhortation apostolique (sic) Evangelii gaudium. Et c’est là aussi qu’il disait :

Le Concile Vatican II a affirmé que, d’une manière analogue aux antiques Églises patriarcales, les conférences épiscopales peuvent « contribuer de façons multiples et fécondes à ce que le sentiment collégial se réalise concrètement ».[36] Mais ce souhait ne s’est pas pleinement réalisé, parce que n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujet d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique.[37]

La note 37 fait mine de renvoyer à la lettre apostolique Apostolos suos, de Jean-Paul II, mais on n’y trouve pas ce que François prétend y voir.

Bien au contraire, la lettre apostolique Apostolos suos a été écrite précisément pour répondre à ceux qui voulaient donner une autorité doctrinale aux conférences épiscopales. Elle rappelle que les documents des conférences épiscopales n’ont d’autorité que s’ils sont adoptés par TOUS les évêques, car la conférence n’a pas d’autorité en elle-même, ce sont les évêques, chacun dans son diocèse, qui en ont une. Il en résulte que l’autorité du document en question n’est pas supérieure à celle de tout document épiscopal.

Le cardinal Ratzinger, dans l’Entretien sur la foi, avait été très ferme sur cette question : « Les conférences épiscopales n’ont pas de base théologique, elles ne font pas partie de la structure irréfragable de l’Église telle que l’a voulue le Christ : elles n’ont qu’une fonction pratique et concrète. (…) Aucune Conférence épiscopale n’a en tant que telle une mission de magistère ; ses documents n’ont pas de valeur spécifique, ils ont la valeur de l’accord donné par chaque évêque. (…) C’est d’ailleurs ce que reconfirme le nouveau Code de Droit canon qui fixe les sphères d’autorité des Conférences ; celles-ci “ne peuvent agir valablement au nom de tous les évêques que si tous et chacun des évêques ont donné leur accord”, et que s’il s’agit de “matières sur lesquelles le droit universel en a disposé, ou bien qu’un mandat spécial du Siège Apostolique l’établisse” (CIC can. 455, § 4 et § 1). Le collectif ne remplace donc pas la personne de l’évêque qui – rappelle le Code en se référant au Concile – “est le docteur et le maître authentique de la foi pour les croyants confiés à ses soins” (cf. can. 753). »

Le cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, soulignait qu’il y avait déjà une conférence épiscopale allemande au moment du nazisme : « Eh bien, les textes vraiment vigoureux contre le nazisme furent ceux qui émanaient d’évêques isolés, courageux. Ceux de la Conférence semblaient souvent édulcorés, trop faibles pour ce que la tragédie requérait. »

Et voici ce qu’en dit le cardinal Sarah, dans son livre intitulé Dieu ou rien et sous-titré… « Entretien sur la foi » :

« A cause de la diversité des opinions sur des questions graves, de la perte des valeurs et de la désorientation des esprits provoquée par le relativisme, nous commettrions un grave péché contre l’unité du Corps du Christ et de la doctrine de l’Eglise en donnant aux conférences épiscopales une autorité ou une capacité de décision sur des questions doctrinales, disciplinaires, morales. »