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Natalité géorgienne

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Dimanche dernier, plus de 1.200 enfants ont été baptisés à Tbilissi, capitale de la Géorgie, tous ayant pour parrain le patriarche de l’Eglise orthodoxe géorgienne Elie II.

L’Eglise a décidé en 2008 de procéder à ces baptêmes spectaculaires, afin de contribuer à redresser la situation démographique catastrophique du pays : le patriarche s’engageait à devenir le parrain du troisième enfant (ou du quatrième oui du cinquième, etc., le cas échéant) de couples mariés à l’église.

Le baptême célébré à la cathédrale de la Sainte-Trinité dimanche était le 69e du genre (car cela a lieu plusieurs fois par an). Le patriarche a actuellement plus de 48.000 filleuls…

Apostasie romaine

Coup sur coup, le pornographe et scatologue « Tucho », selon son surnom intime, autrement dit le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a publié au nom du pape deux documents qui font l’impasse sur… la foi.

Le premier est celui qui est incroyablement titré « Dignitas infinita », pour parler de la personne humaine, texte qui a séduit nombre de naïfs parce qu’il rappelle quelques vérités naturelles, sans évoquer la grâce ou le péché originel… (Et dont la limite, même sur le plan purement naturel, éclate dans la proposition que la chirurgie de soi-disant changement de sexe « risque (sic : risque) de menacer la dignité unique qu’une personne a reçue dès le moment de la conception » au nom du respect de notre humanité « comme elle a été créée ».

Le second est celui qui établit de nouvelles normes sur les apparitions : il exclut la possibilité même du miracle. La hiérarchie ne peut aller que jusqu’au nihil obstat : on n’empêche pas le fidèle de croire à telle apparition, mais l’évêque (et désormais seulement sur autorisation expresse du Saint-Siège) doit veiller à ce que ce ne soit pas considéré « comme une approbation du caractère surnaturel du phénomène ». Il n’y a pas d’approbation, mais une simple concession. Là non plus, il n’y a plus de surnaturel.

A vrai dire, la négation du miracle avait déjà été édictée, mais sur le plan local, par Mgr Perrier, évêque de Lourdes, dès 2006. Cette année-là il avait publié une réforme de la reconnaissance des miracles, fixant trois étapes, stipulant qu’il est « presque toujours impossible » aujourd’hui d’aller jusqu’au bout. Ainsi, en 2011, l’évêque d’Angers, Mgr Delmas avait-il annoncé la guérison « remarquable » d’une des ses ouailles, guérison totalement inexpliquée mais qu’on ne pouvait pas qualifier de miracle parce que Mgr Perrier avait interdit que la Sainte Vierge fasse des miracles à Lourdes.

Ce qui est amusant est que deux ans plus tard, l’évêque de Pavie, manifestement pas au fait de l’interdiction édictée par Mgr Perrier, reconnaissait officiellement comme un « miracle » la « guérison prodigieuse » de Danila Castelli. Puisque c’était la 69e guérison de Lourdes reconnue inexplicable par les médecins, il en résultait que la 68e, celle de 2011, était également un « miracle »…

Car les Perrier, les Tucho, les Bergoglio, se heurteront toujours aux faits. Aux faits surnaturels, même s’ils n’y croient pas. Même s’ils ordonnent de ne pas y croire…

Négationnisme judiciaire

Si l’on en croit deux jugements rendus le même jour, le 8 mars dernier, le fait d’injurier un prêtre catholique en spécifiant bien « catholique », et même que l’objet est « l’Eglise catholique », ne tombe pas sous le coup de la loi antiraciste qui sanctionne les injures contre quelqu’un à raison de sa race, son ethnie, sa religion, etc. Car, de même que lorsqu’on a promulgué la loi Pleven le racisme proprement dit ne concernait pas le racisme anti-blanc, de même l’ajout de la religion ne concernait pas le christianisme, mais seulement l’antisémitisme, puis « l’islamophobie » (et l’on a jouté l’orientation sexuelle pour protéger uniquement les LGBT).

Mais on ne le disait pas. Or la 17e chambre le dit clairement, ouvertement, terminant ses tirades par « la foi catholique ».

La première affaire concernait un tweet disant à l’abbé Pagès : « Vous me semblez plus calé en pédophilie qu’en virologie dans l’Eglise catholique. Chacun sa spécialité ! » Le tribunal juge que l’abbé Pagès n’était pas attaqué « à raison de son appartenance à la religion catholique mais (…) en ce qu’il est prêtre, donc en considération de l’office qu’il exerce et ainsi en ce qu’il appartient au groupe des hommes d’Eglise dont certains ont vu leur comportement dénoncé pour avoir abusé de leur pouvoir sur les enfants qui leur étaient confiés afin de les éveiller à la foi catholique. »

La seconde affaire concernait également un tweet : « Retourne toucher des gosses et tais-toi ! » Le jugement est exactement le même : l’auteur « ne stigmatise pas la personne de l’abbé Pagès à raison de son appartenance à la religion catholique, mais en ce qu’il est prêtre et ainsi appartient au groupe d’hommes d’Eglise dont certains ont vu leur comportement dénoncé pour avoir abusé de leur pouvoir sur les enfants qui leur étaient confiés afin de les éveiller à la foi catholique »

L’abbé Pagès avait réagi sur le Salon Beige le 2 avril, mais ça m’avait échappé. La Griffe vient d’y consacrer un article, et la double affaire le mérite. Car on a là un double exemple particulièrement clair de l’hypocrisie des lois dites antiracistes, du mensonge antiraciste.

L’abbé Pagès était soutenu par l’AGRIF, qui le soutient en appel. Il sera intéressant de voir si la cour d’appel valide l’aveu du viol d’état de droit de première instance.

Le Filioque

Puisque s’ouvre la « semaine de prière pour l’unité des chrétiens », voici ma modeste contribution.

J’ai été intrigué par le fait que les théologiens orthodoxes francophones, lorsqu’ils évoquent la Sainte Trinité, et spécifiquement la procession du Saint-Esprit, renvoient à la « troisième série » des Etudes du Père Théodore de Regnon sur la Trinité, celles qui sont consacrées aux pères grecs. Le P. de Regnon était un jésuite du XIXe siècle, et s’il s’occupe des pères grecs c’est forcément pour conclure qu’ils sont en accord avec le dogme romain. Comment les théologiens orthodoxes peuvent-ils prendre le risque que leurs lecteurs succombent aux démonstrations du jésuite ?

Je me suis donc décidé à lire les études du P. de Regnon. Ce qui apparaît d’abord est que l’on a là une très impressionnante quantité de citations des pères grecs, sans équivalent en français (et sans doute dans les autres langues vivantes). C’est la raison principale de la référence. Mais il apparaît bientôt, aussi, que plus le P. de Regnon tente de prouver l’accord des pères grecs avec le dogme latin, plus il prouve le contraire… Il multiplie les citations disant que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, et conformément au postulat du concile de Florence il ajoute à chaque fois : donc ce père est en accord avec le dogme, puisque dire que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils c’est équivalent à dire qu’il procède du Père et du Fils. Or cette lourde insistance finit seulement par faire prendre conscience que ce n’est justement pas la même chose.

D’autre part il doit finir par reconnaître que toutes ces citations concernent, non pas la vie intra-trinitaire, mais les missions de la Trinité ad extra. Et quand il en vient aux relations intra-trinitaires, il est « surpris » de ne pouvoir fournir que deux phrases sur le Saint-Esprit qui procède du Père par le Fils. Deux, dans le vaste corpus des pères, ce sont des exceptions qui confirment la règle : les pères grecs ne voient pas ainsi les relations intra-trinitaires, donc encore moins comme une procession du Saint-Esprit ab utroque

Le P. de Regnon doit ensuite reconnaître que Photius avait raison quand il affirmait que nulle part chez les pères grecs on ne lit que le Saint-Esprit procède du Fils. Pas une seule fois. Le P. de Regnon croit pouvoir éliminer cette difficulté en disant que Photius jouait sur les mots. Mais quand cette réflexion vient après des centaines de pages où le P. de Regnon définit les mots avec la plus grande précision, ce n’est pas sérieux. Si les pères grecs ne disent jamais, absolument jamais, que le Saint-Esprit ekporeuetai du Fils, c’est qu’ils réservent ce mot, pourtant courant, à la seule procession du Saint-Esprit à partir du Père : il devient un terme technique : le Saint-Esprit « procède » du Père, alors qu’a priori le verbe veut simplement dire « sortir de » (on le trouve 34 fois dans le Nouveau Testament).

Il y a autre chose de spectaculaire dans l’ouvrage du P. de Regnon pour quiconque connaît un peu saint Jean Damascène. Presque chaque fois qu’il le cite, avec grande révérence, le P. de Regnon rappelle que le Damascène rassemble et synthétise de façon géniale l’enseignement des pères qui l’ont précédé, qu’il est en quelque sorte le sceau des pères grecs. Or saint Jean Damascène écrit explicitement trois fois dans son exposé de la foi orthodoxe, et au moins deux fois dans d’autres écrits, que le Saint-Esprit ne procède pas du Fils. Et le P. de Regnon fait semblant de ne pas le remarquer… Mais il écrit : « L’enseignement de saint Damascène doit être considéré comme le résumé authentique et autorisé de la doctrine grecque »…

Certes, le Filioque serait conforme à l’enseignement des pères si l’on disait que c’est un raccourci exprimant de façon elliptique que dans l’économie du salut le Saint-Esprit vient du Père par le Fils, mais ce n’est pas ainsi qu’il a été imposé.

On dit souvent que la controverse sur le Filioque au IXe siècle a conduit à la condamnation de Photius coupable de schisme. Mais ce n’est pas vrai. L’affaire Photius concernait essentiellement une question disciplinaire. Le pape Nicolas Ier avait décidé que Photius n’avait pas été légitimement élu patriarche de Constantinople. L’affaire s’envenima des deux côtés, et le Filioque mettait de l’huile sur le feu, mais finalement, sous le bienveillant pape Jean VIII, Photius fut pleinement réhabilité et finit sa vie en communion avec Rome… après avoir publié un violent (et passionnant) pamphlet contre le Filioque. (Que Rome ait par la suite renié le concile de réhabilitation ne change rien à la réalité historique.)

Les papes de ce temps-là étaient pris en tenaille entre les théologiens francs, soutenus par l’empereur d’Occident, qui voulaient absolument que Rome reconnaisse le Filioque, et les théologiens byzantins, soutenus par l’empereur d’Orient, qui rejetaient la formule et la doctrine. Les papes résistèrent longtemps aux Francs, et vers 808 Léon III fit même apposer à Saint-Pierre de Rome deux plaques d’argent où était gravé le Credo, en grec et en latin, sans le Filioque. On lit cela un peu partout, mais les historiens latins « oublient » tous de préciser que le pape avait fait graver sous le Credo latin :

HÆC LEO POSUI AMORE ET CAUTELA ORTHODOXÆ FIDEI

Et sous le Credo grec :

ΤΑΔΕ ΛΕΩΝ ΕΘΕΜΗΝ ΔΙ’ ΑΓΑΠΗΝ ΤΕ ΚΑΙ ΠΡΟΦΥΛΑΚΗΝ ΟΡΘΟΔΟΞΟΥ ΠΙΣΤΕΩΣ

« Moi Léon, j’ai posé ces plaques par amour et pour la sauvegarde de la foi orthodoxe. »

Il ne s’agissait donc pas seulement de ne pas insérer le Filioque dans le Credo pour faire diplomatiquement plaisir aux orientaux.

En 1054 ce fut l’excommunication de Michel Cérulaire. La polémique ne devait rien à l’affaire du Filioque, elle était issue du fait que le patriarche contestait que les latins utilisent du pain azyme pour l’eucharistie. La bulle d’excommunication, proprement surréaliste, énumère les neuf hérésies dont les grecs seraient coupables (arianisme, donatisme, manichéisme, etc.), et notamment que « comme les pneumatomaques ils ont supprimé dans le Symbole la procession du Saint-Esprit a Filio ». Or en 1054 cela fait seulement 40 ans que Rome a ajouté le Filioque au Credo (sous la pression décisive de l’empereur Henri II qui avait sous sa coupe Benoît VIII, de la tristement célèbre famille des comtes de Tusculum).

Au XIIIe siècle saint Thomas d’Aquin va élaborer le dogme de la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils comme d’un seul principe par une seule spiration. Il est assez déconcertant de constater que son argument décisif, le « sed contra » du principal article de la Somme théologique sur le sujet, est ceci :

« S. Athanase dit : “Le Saint-Esprit est du Père et du Fils, non comme fait ou créé ou engendré, mais comme procédant.” »

Or saint Athanase n’a évidemment pas dit cela. La formule se trouve dans le prétendu « Symbole d’Athanase », dit Quicumque d’après son premier mot. C’est un texte clairement occidental, sans doute du VIe siècle, qui n’a été connu à Rome qu’au IXe siècle et n’existe en grec que depuis le XIIIe siècle, quand on a voulu faire croire aux grecs que saint Athanase disait comme Rome…

Saint Thomas d’Aquin savait que saint Jean Damascène disait explicitement que le Saint-Esprit de procède pas du Fils. Alors il accuse saint Jean Damascène d’être « nestorien »… C’est peut-être pourquoi le P. de Regnon est muet : il n’a pas voulu reproduire cette grossièreté d’autant plus absurde que saint Jean Damascène a écrit un livre entier contre Nestorius et qu’il consacre dix chapitres de son exposé de La foi orthodoxe (où il condamne nommément Nestorius quatre fois) à expliquer le dogme de Chalcédoine. Néanmoins le très thomiste Léon XIII a fait « docteur de l’Eglise » un père qui selon saint Thomas d’Aquin était « nestorien »…

Saint Thomas d’Aquin, qui en fait ne pouvait s’appuyer que sur saint Augustin, le seul père de l’Eglise à avoir affirmé la procession ab utroque, savait aussi que saint Augustin y apportait un sérieux bémol en disant que néanmoins le Saint-Esprit procède du Père « principaliter ». Ce que l’on traduit par « principalement », mais dans un texte théologique c’est plus que cela : la première traduction que fait Gaffiot de principalis est… « originaire ». Le Saint-Esprit a le Père pour origine. Et secondairement il vient du Fils. Saint Thomas d’Aquin le reconnaît, tout en maintenant son dogme, qui apparaît forcément bancal. C’est pourtant ce qu’on prétendra imposer aux grecs dès 1274, au concile de Lyon, juste après la mort de saint Thomas d’Aquin qui s’y rendait… On recommencera au concile de Florence, en 1439, en ajoutant la précision que lorsque les pères disent que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils c’est donc que le Fils est aussi la « cause » du Saint-Esprit…

La scolastique élabora des analyses de plus en plus compliquées pour tenter de soutenir le dogme thomiste. Le P. de Regnon les résume jusqu’à leur point culminant : « Et voici que pour maintenir la communauté de vertu spirative, il nous faut distinguer dans les personnes elles-mêmes entre les propriétés constitutives et les propriétés non constitutives. » Va-t-il expliquer ce que cela veut dire ? Non. Tout à coup il renonce, et il ajoute seulement : « Le mystère brise tous les cadres rationnels, où nous cherchons à l’enfermer. Et la foi seule nous reste et nous sauve. »

Les arguties scolastiques embrouillent tout. Or Dieu est simple. Dieu nous a révélé qu’il est un en trois personnes. Trois personnes consubstantielles qui se distinguent par leurs propriétés : le Fils n’est pas le Père, et le Père n’est pas le Fils. Le Père et le Fils ne peuvent pas constituer un autre « principe » en tant que personnes, puisque ce « principe » n’est ni père ni fils, ou alors ils produisent ainsi une autre personne, ce qui ferait une « quaternité ». Et si l’on dit que ce « principe » est dans la substance divine, alors le Saint-Esprit procède de lui-même, puisqu’il est consubstantiel aux deux autres personnes. Photius, qui poursuivait les conséquences du Filioque jusqu’à l’absurde, montre que si deux personnes divines peuvent en produire une troisième, il n’y a pas de raison que ça s’arrête là : le Père et le Saint-Esprit peuvent produire une autre personne, le Fils et le Saint-Esprit également, et chacune de ces personnes peut ensuite produire une personne avec l’une des personnes produites, à l’infini. C’est pourquoi les orientaux ne peuvent pas accepter qu’on constitue une impossible « dyade » dans la Trinité.

Le schéma thomiste dogmatisé est celui d’un triangle fermé sur lui-même, incommunicable, alors que Dieu est ouvert sur sa création. Le « triangle » divin n’a que deux côtés : celui de l’engendrement du Fils, celui de la spiration de l’Esprit Saint, et il reste ainsi ouvert. C’est pourquoi saint Irénée parle du Fils et du Saint-Esprit comme des deux mains de Dieu. C’est l’image que donnera Dieu crucifié tendant ses mains vers les hommes.

L’icône de la Sainte Trinité de Roublev est devenue quasiment aussi célèbre en Occident qu’en Russie. Mais on ne fait guère attention au fait qu’elle contredit radicalement le Filioque, ou du moins qu’elle l’ignore. Aucun des trois « anges » ne procède des deux autres, et la particularité extraordinaire de cette icône, pour notre propos, est que les trois personnages sont inscrits dans un cercle, de telle façon que ce cercle est comme ouvert vers l’extérieur, vers la personne qui regarde l’icône, qui est invitée à participer à la vie divine (par l’eucharistie, qui est au centre de la composition).

L’adage « Lex orandi, lex credendi » est le résumé d’une formule de Prosper d’Aquitaine qui dit exactement : « (ut) legem credendi lex statuat supplicandi », c’est-à-dire : « (afin que) la loi de la prière détermine (établisse, fixe, règle) la loi de la foi ».

Or il est très remarquable qu’en dehors de deux exceptions très spéciales, la liturgie latine ne fait aucune allusion à la procession ab utroque. Aucune. Et c’est particulièrement remarquable dans l’office et la messe de la fête de la… Sainte Trinité.

Les deux exceptions sont l’ajout du Filioque au Credo de la messe des fêtes et des dimanches, un ajout illégitime puisque le concile d’Ephèse avait interdit qu’on ajoute quoi que ce soit au Symbole sous peine d’anathème, et l’ajout du soi-disant Symbole de saint Athanase à l’office de prime le dimanche (seulement à la fête de la Sainte Trinité depuis 1960), un texte apocryphe qui a trop servi à tenter de tromper les orientaux.

Si la loi de la prière détermine la loi de la foi, il va de soi que le Filioque tel que défini par le concile de Florence ne fait pas partie du dépôt de la foi.

*

Tout ceci n’est que l’état actuel de mes réflexions, que je ne cherche pas du tout à imposer. Mais j’ai pensé que les recherches que j’ai effectuées peuvent intéresser certains de mes lecteurs (et que ceux qui en sont irrités me pardonnent).

Le progrès du grand remplacement

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Il s’agit naturellement de jeunes qui se disent catholiques ou qui se disent musulmans. Car on sait bien hélas que les catholiques pratiquants sont moins de 5%. La situation est donc encore pire que ne le laisse entendre le sondage. Car en terme de pratiquants, il est probable que le nombre de musulmans soit supérieur à celui des catholiques.

Ils sont fous ces Russes

Ce matin, la divine liturgie retransmise par la chaîne Soyouz, liturgie de semaine, mémoire du prophète Joël dans le calendrier byzantin julien, l’était de l’église de l’Intercession de la Mère de Dieu de Iassenevo, dans la banlieue sud de Moscou. Dans ce quartier il n’y avait que deux petites églises. On en a donc construit une grande. Les travaux ont commencé en 2009, elle a été consacrée en 2015. Et voilà ce que ça donne…

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Réflexion orthodoxe

L’excellent site New Liturgical Movement a publié une traduction anglaise d’un texte d’un théologien orthodoxe russe, Alexander Adomenas, transmis par un ami de ce théologien qui est… Mgr Athanasius Schneider. En voici une traduction française. Mais c’est le texte anglais qui fait foi. Ce qui est ici important est ce que dit Alexander Adomenas de la réforme liturgique « latine » car, bien que portant un regard extérieur, il a tout compris, bien mieux que la plupart des théologiens « catholiques » de notre temps. Mais ce n’est pas un regard extérieur, c’est celui de la tradition, qui, profondément, reste une.

« Où chercher un véritable œcuménisme ?

Une réflexion sur les réformes liturgiques de l’Église catholique romaine dans une perspective œcuménique

Par Alexander Adomenas, maître en théologie

« Afin que tous soient un » (Jean 17, 21) – ces paroles de notre divin Maître résonnent avec douleur dans le cœur des chrétiens depuis de nombreux siècles. Malheureusement, nous n’avons pas respecté le commandement de notre Seigneur et nous nous sommes divisés. Le vingtième siècle a montré qu’il était temps, selon la parole de l’Ecclésiaste, de « ramasser les pierres » (3, 5), les pierres que nous, chrétiens, avons dispersées pendant vingt siècles. Le saint pape Grégoire le Grand (qui porte en Orient le nom de Dialogos) explique ces paroles comme suit : « Plus la fin du monde approche, plus il est nécessaire de rassembler des pierres vivantes pour une construction céleste, jusqu’à ce que l’édifice de notre Jérusalem atteigne sa mesure »[1]. Pour saint Grégoire, « rassembler des pierres » signifie rassembler les gens dans l’unique Église du Christ.

Cependant, nous savons bien que l’on peut « ramasser des pierres » de différentes manières, et qu’en voulant tout ramasser, on peut être accablé par leur poids et perdre même ce que l’on a ramassé. Cet article, sous forme de réflexion, est une modeste tentative d’un théologien orthodoxe de réfléchir à la voie que l’on peut choisir pour ce « ramassage de pierres ».

L’histoire des relations entre le catholicisme et l’orthodoxie est malheureusement bien triste. Accusations mutuelles, divergences parfois sur des questions insignifiantes, tout cela s’est produit. Je ne ferai pas de bilan théologique de ces désaccords et de ces querelles séculaires. Je dirai simplement que ce qui nous unit est bien plus important que ce qui nous divise. Et c’est précisément le moment où, face à la sécularisation croissante de l’humanité et aux défis que le monde moderne pose aux croyants, nous devons trouver un terrain d’entente pour que tous sachent que nous sommes des disciples du Christ-Amour incarné (cf. Jn 13, 35).

Au cours des cent dernières années, cette tentative de réconciliation entre l’orthodoxie et le catholicisme a reçu le nom de « mouvement œcuménique ». De nombreux modèles de dialogue au sein de ce mouvement ont été proposés, mais tous, malheureusement, ont atteint ou atteignent une impasse. Le problème, à mon avis, réside dans la mauvaise approche du problème en tant que tel. Ou plutôt, il n’y a pas de noyau autour duquel un dialogue peut être construit. Et il me semble que la solution idéale est de faire appel à un héritage commun : l’histoire vivante de l’Église dans l’Esprit Saint.

Le catholicisme et l’orthodoxie ont une racine commune : l’enseignement du Christ et des apôtres. Nous avons préservé l’image de l’Église établie par les apôtres et leurs successeurs : la succession apostolique dans le sacerdoce, la structure hiérarchique de l’Église, les saints sacrements, notre mode de vie ecclésiale. C’est exactement ce qui peut et doit nous unir ; ce n’est pas pour rien que nous reconnaissons presque tous les sacrements les uns des autres [2], y compris le sacrement du sacerdoce, qui parle aussi de la reconnaissance de la hiérarchie des uns et des autres.

Ainsi, la manière de « rassembler les pierres » peut et doit être notre lien avec ce que l’on appelle, dans l’Église orthodoxe comme dans l’Église catholique, la Tradition sacrée. L’héritage séculaire, l’héritage de l’Église, est vraiment ce qui nous unit et rend possible la réalisation de l’unité. Le Concile Vatican II l’a souligné : « La fonction enseignante n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais elle la sert, n’enseignant que ce qui a été transmis… Il est donc clair que la Sainte Tradition, la Sainte Écriture et l’autorité enseignante de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement liées et unies que l’une ne va pas sans l’autre. » [3]

Cependant, mes nombreuses années de connaissance du catholicisme, de la situation actuelle de l’Église catholique, suggèrent que, malheureusement, le catholicisme d’aujourd’hui ne veut pas choisir la voie de la Tradition sacrée. Je ne veux pas dire que l’Église catholique le fait délibérément. Pas du tout. Mais par nombre de ses actions, elle repousse vraiment une possible unité avec les Églises orthodoxes. Pour une raison quelconque, le dialogue avec les diverses dénominations protestantes est plus important pour l’Église catholique, bien qu’elles s’opposent délibérément aux Églises historiques qui ont préservé la Tradition sacrée. Je ne veux en aucun cas offenser les protestants, mais les enseignements orthodoxes et catholiques disent que l’orthodoxie et le catholicisme sont beaucoup plus proches l’un de l’autre que l’un ou l’autre ne l’est du protestantisme. De plus, nous devons affirmer que la plupart des dénominations protestantes s’opposent consciemment aux Églises historiques ayant une succession apostolique ; elles disent que leur théologie est différente de la nôtre en tout, et notre adhésion à la Sainte Tradition devient souvent l’objet au moins d’un sourire condescendant, sinon de dérision et de mépris de la part des protestants. [4]

Partant de là, la tentative d’unir les orthodoxes et les catholiques aurait semblé être la voie idéale à suivre. Pourtant, le catholicisme, me semble-t-il, a pris le chemin inverse. Et cela se voit en tout. Cependant, pour expliquer ma pensée, je voudrais considérer plusieurs aspects. Et parmi eux, le principal est l’aspect liturgique.

La Liturgie sacrée, le culte divin, est le fondement de l’Église. Sans le culte, sans l’Eucharistie, l’Église ne peut exister. En effet, tout au long de l’histoire, l’Église s’est rassemblée autour du sacrifice eucharistique. Bien sûr, toutes les Églises historiques ayant une succession apostolique ont créé leurs propres rites liturgiques autour de l’Eucharistie, sur la base desquels l’Église a travaillé à travers ses membres pendant de nombreux siècles, en acceptant organiquement les aspects nouveaux et en rejetant ce qui est étranger. La liturgie est la physionomie, la manifestation de l’Église, son incarnation visible dans le monde.

Tout changement forcé et inorganique peut entraîner de très grands bouleversements. L’Église orthodoxe russe en a fait la tragique expérience. Au XVIIe siècle, le patriarche orthodoxe russe Nikon a décidé de rompre la tradition liturgique russe qui s’était développée pendant 500 ans, en imposant de force une tradition grecque similaire, mais formée dans un contexte historique différent. Les autorités de l’État et de l’Église de l’époque ont mis en œuvre ces réformes par la force, en arrêtant et en tuant tous ceux qui n’étaient pas d’accord. Cela a conduit un tiers de l’Église russe à entrer en schisme, un schisme qui n’a toujours pas été guéri à ce jour. De plus, comme il y avait peu d’évêques dans l’Église russe à ce moment-là – un seul n’était pas d’accord avec la réforme et s’est finalement séparé – les Vieux Croyants ont été marginalisés et certains d’entre eux ont perdu la prêtrise et les sacrements. [5]

L’expérience amère de l’Église orthodoxe russe a été soit inconnue, soit ignorée par l’Église catholique au XXe siècle. Pour une raison ou une autre, les autorités de l’Église catholique de notre époque ont décidé de modifier la liturgie. Il n’y a rien de mal à modifier un rite. Ceux qui sont plus ou moins familiers avec les principes de la liturgie comparée d’Anton Baumstark [6] savent que les changements dans n’importe quel rite sont la norme de la vie de l’Église. Mais les changements rituels ne fonctionnent bien que lorsque, premièrement, ils sont nécessaires, c’est-à-dire lorsque ces changements sont appelés à éclairer plus complètement l’un ou l’autre aspect de la vie de l’Église, et deuxièmement, et c’est le plus important, lorsqu’ils se produisent dans le cadre de l’enseignement de l’Église et du rite liturgique valide existant.

L’objectif des réformes liturgiques des années 1960 était noble : raviver la participation du peuple de Dieu à la Sainte Eucharistie. L’objectif est bon et, en fait, nécessaire. Pourtant, au lieu d’inciter le peuple de Dieu à une participation plus vivante et plus active à l’Eucharistie – par des chants communs, des réponses aux exclamations du prêtre, voire une modification légère et organique de l’ordre de la Sainte Messe – l’autorité ecclésiastique de l’Église catholique a décidé de changer radicalement à la fois l’ordo de la Messe et le rite latin dans son ensemble. Et ce, en dépit du fait que les décisions du Concile Vatican II indiquaient elles-mêmes que les changements devaient être très équilibrés et délibérés : « Afin de conserver la saine tradition, tout en laissant la voie ouverte à un progrès légitime, on procédera toujours à un examen attentif de chaque partie de la liturgie que l’on veut réviser. Cette recherche doit être théologique, historique et pastorale… Il ne doit pas y avoir d’innovations à moins que le bien de l’Église ne l’exige réellement et certainement ; et il faut veiller à ce que toutes les nouvelles formes adoptées se développent d’une certaine manière organiquement à partir des formes déjà existantes ». [7]

Cette norme de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium a-t-elle été appliquée correctement ? Les faits eux-mêmes disent le contraire. Prenons, par exemple, l’Offertoire (une partie de l’Ordo de la Messe durant laquelle le pain et le vin sont apportés à l’autel avec des prières en vue de la consécration). Il a été complètement réformé. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il fallait le faire. En regardant le nouveau rite de l’Offertoire, on ne voit pas du tout quel type de « recherche théologique, historique et pastorale » a été effectué sur les instructions directes du Concile pour introduire ce changement. Pourquoi ne pas se tourner vers les anciens missels romains, où l’on trouve diverses formes anciennes pratiquées dans le rite latin ? Pourquoi composer de nouvelles prières, manifestement empruntées aux Berakhot juives ? Pour montrer le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament ? Je suis sûr que tous les prêtres qui célèbrent la liturgie connaissent ce lien. Pour faire revivre les éléments du culte juif ? À l’exception des éléments apportés par les premières générations après les apôtres, l’Église n’a jamais eu dans son histoire une telle tendance à la judaïsation [8]. Reconnaître l’importance du judaïsme et commencer à honorer les juifs comme leurs « frères aînés » ? Je crains que 99,9% des juifs n’aient aucune idée de l’existence de cet élément dans la messe catholique. En d’autres termes, nous ne voyons tout simplement pas de fondement pastoral, théologique ou historique à ce changement dans le rite de l’Offertoire ; il n’a pas non plus émergé organiquement de quelque chose qui existait déjà ; il n’était pas non plus véritablement et certainement nécessaire.

De plus, la prière centrale de la Messe est le Canon eucharistique. Dans le rite byzantin, deux canons eucharistiques sont utilisés comme norme – celui de saint Basile le Grand et celui de saint Jean Chrysostome. Ces canons eucharistiques sont utilisés par l’Église depuis plus de 1.500 ans. L’Occident disposait du Canon romain, d’une ancienneté et d’une centralité similaires. De nos jours, l’Église catholique a emprunté une voie totalement différente, celle de la composition de nouveaux textes pour le Canon eucharistique. En même temps, les partisans du Nouveau Rite soulignent que les nouvelles prières eucharistiques ont été écrites sur la base d’anciens textes orientaux [9]. Mais toute personne plus ou moins versée dans la science liturgique verra que cette similitude est en fait assez éloignée et que les nouvelles prières eucharistiques du rite romain sont de nouveaux textes qui ne sont sanctifiés ni par l’usage qu’en a fait la tradition, ni par l’enseignement de l’Église, et qui semblent même parfois aller à l’encontre de celui-ci [10]. Pourquoi a-t-on fait cela ? Je reste silencieux sur le lectionnaire et le calendrier liturgique entièrement redessinés et sur le système modifié de l’Office divin et des propres – des textes en quelque sorte écrits par des saints et sanctifiés par le temps, mais qui ont cessé de résonner au cours de la liturgie catholique. Ils n’ont tout simplement pas trouvé leur place dans le nouveau rite.

Pourquoi cela a-t-il été fait ? Pourquoi la réforme a-t-elle été si radicale ? Nous trouverons la réponse en nous penchant sur les auteurs de la réforme et sur ce qui les a inspirés. Pour réaliser la réforme des livres liturgiques, la Commission s’est ouvertement appuyée sur l’expérience du culte protestant, s’inspirant de la théologie protestante de l’Eucharistie (Cène, repas, communauté…) pour introduire des changements. L’Église catholique a ainsi délibérément rejeté sa propre expérience, son héritage, rejeté l’expérience des Églises orientales qui ont préservé une compréhension vivante de l’Eucharistie comme liturgie du Corps et du Sang du Sauveur, pour s’engager sur la voie de la théologie protestante, dont les adeptes non seulement ne croient pas à la présence eucharistique réelle et véritable du Corps et du Sang du Christ, mais ont même créé leurs propres rites cultuels en opposition à la messe catholique.

Souvent, ce changement est expliqué par l’idée de l’œcuménisme, en disant : « Voici que notre liturgie s’est rapprochée de celle des protestants et que nous sommes désormais plus proches d’eux. » En est-il vraiment ainsi ? Les protestants croient-ils que les catholiques sont devenus plus proches d’eux en raison de leur approche extérieure de la liturgie ? C’est loin d’être le cas. Dieu merci, malgré la forme extérieure déficiente, l’essence de l’Eucharistie en tant que présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans le sacrement est restée ferme dans la doctrine officielle de l’Église catholique. Pour un protestant, la célébration eucharistique n’est qu’un souvenir de la dernière Cène, contrairement aux Églises orientales, où l’on a toujours cru que nous participions réellement au corps et au sang du Christ. Chaque prêtre et fidèle orthodoxe dit avant la Sainte Communion : « Je crois que ce qui est dans le calice est ton vrai sang ». [11] Les protestants comprennent cette différence, de sorte que la réforme liturgique de l’Église catholique n’a pas entraîné de véritable rapprochement. C’est-à-dire que les catholiques n’ont rien gagné, mais ils ont beaucoup perdu.

Non seulement les autorités de l’Église catholique ont créé un nouveau rite de la messe, mais elles ont immédiatement et incroyablement interdit l’utilisation de l’ancien rite consacré. En effet, les cinquante dernières années ont été une lutte pour les personnes qui voulaient utiliser l’ancien rite, dont les origines remontent à l’époque de saint Grégoire le Grand et qui a été vécu et expérimenté par presque tous les saints d’Occident depuis lors. Ce fut une lutte pour obtenir le droit d’être fidèle à ce rite des saints. Cinquante ans d’humiliation, de dérision et de tentatives pour survivre. Le pontificat actuel a déclaré en substance que l’ancien rite n’avait pas le droit d’exister et que le fait qu’il soit désormais autorisé à être utilisé n’était qu’une mesure temporaire. En quoi les autorités de l’Église catholique d’aujourd’hui sont-elles différentes de celles qui ont imposé la marginalisation des vieux croyants en Russie ?

Les autorités actuelles de l’Église catholique disent que les catholiques n’ont qu’une seule messe, qu’un seul rite. Elles essaient même de pervertir et de « diversifier » ce rite unique pour plaire à l’époque actuelle. On constate souvent que de nombreux prêtres de l’Église catholique célèbrent le nouveau rite de la Messe ad libitum, insérant des changements et des ajouts de leur propre initiative, en faisant appel à de prétendus objectifs pastoraux ; ils peuvent changer la Messe d’une manière ou d’une autre, sans parler de la liturgie dans le Chemin néocatéchuménal et le Mouvement charismatique, ou des inculturations proposées. [12]

En définitive, qu’avons-nous ? Liturgiquement, le catholicisme s’est égaré. Il est allé à la rencontre des protestants, leur tendant les bras, et les protestants se sont détournés et sont allés plus loin, vers le sacerdoce féminin et, en général, vers la dilution de l’idée même de christianisme. Le catholicisme s’est retrouvé avec des bras vides et tendus. Il ne s’est pas rapproché des protestants (même si, dès le départ, il aurait dû être clair que cette approche était irréaliste). Simultanément, le catholicisme s’est éloigné de l’Orient, qui s’appuie sur la Tradition ; en fait, il est allé si loin que la ligne rouge entre le protestantisme et le catholicisme est aujourd’hui diluée dans l’esprit des orthodoxes, qu’il s’agisse de théologiens ou de simples croyants.

Bien entendu, je n’appelle à aucune action spécifique, ce serait trop présomptueux. J’ai simplement voulu partager la douleur qu’éprouve un croyant orthodoxe dont la foi est fondée sur la Tradition sacrée lorsqu’il regarde l’Église catholique d’aujourd’hui. Cependant, je veux croire que le Christ, qui désire l’unité de ses disciples, ramènera dans la communion les Églises historiques d’Orient et d’Occident avec la succession apostolique, les unira avec l’amour qu’avaient les saints qui ont créé ce trésor de foi et de liturgie – la vie éternelle et impérissable de l’Église, fondée sur la Tradition sacrée dans l’Esprit Saint.

[1] Dial. 37.

[2] Dans l’orthodoxie, il existe deux approches divergentes de ce problème, mais la reconnaissance des sacrements de l’Église catholique est beaucoup plus enracinée dans la tradition, qui se reflète également dans les textes liturgiques.

[3] Dei Verbum, 10.

[4] Pour ne pas être démenti, il suffit de rappeler que les premiers protestants ont immédiatement commencé à appeler l’Église catholique « la Prostituée de Babylone », voir J. Pelikan/H. Lehmann, Luther’s Luther’s Church. Lehmann, Œuvres de Luther 39:102.

[5] On peut lire des informations détaillées à ce sujet : P. Meyendorff : Russia, Ritual and Reform : The Liturgical Reforms of Nikon in the 17th Century. St Vladimir’s Press (1991), et en russe : Каптерев Н.Ф.. : Патриарх Никон и его противники в деле исправления церковныx обрядов, Москва, 1913.

[6] Baumstark А. Sur le développement historique de la liturgie (Vom geschichtlichen Werden der Liturgie, 1923) ; intr. et traduction de Fritz West ; préface de Robert F. Taft. Collegeville, Minn. : Liturgical Press 2011.

[7] Sacrosanctum Concilium, 23.

[8] Même dans ces deux premières générations chrétiennes, il y a très peu de parallèles avec le culte de la synagogue, si ce n’est que la Didaché en porte quelques traces.

[9] Bien que tout mélange de rituels soit très laid.

[10] Tout au long de l’histoire, le rite latin a mis l’accent sur le lien entre l’eucharistie et le sacrifice, ce qui constitue en fait la base de la compréhension de l’eucharistie en Occident.

[11] Le rite de la liturgie byzantine de saint Jean Chrysostome. Prière avant la Sainte Communion.

[12] Le mouvement charismatique, le parler en langues dans l’Église, est mort au IIe siècle, nous ne savons même pas de quel type de parler il s’agissait. Et que voyons-nous aujourd’hui ? Un groupe de personnes est convaincu de parler en langues, et les hiérarques catholiques n’ont pas peur de pécher contre le Saint-Esprit (voir Marc 3, 22-30) en soutenant une telle pratique. Je n’ai pas trouvé un seul ouvrage théologique sérieux qui, sur la base de l’histoire de l’Église, évoque un consensus des Pères en faveur du soutien à la possibilité du parler en langues dans l’Église. L’extrême prudence à l’égard de ces pratiques charismatiques est également confirmée par de nombreux saints de l’Église.

Feiz e Breizh

On ne peut que féliciter Valeurs actuelles d’avoir réalisé et publié un reportage vidéo sur le pèlerinage Feiz e Breizh qui prend de l’ampleur. On regrettera seulement qu’il n’y ait pas un mot, ni une image, sur la liturgie, alors que l’une des caractéristiques essentielles de ce pèlerinage est d’être centré sur la liturgie traditionnelle au cœur des traditions bretonnes.

Orthodoxes russes

Le Centre Panrusse d’étude de l’opinion publique publie une nouvelle étude sur les affiliations religieuses des Russes. La dernière datait de 2019.

Depuis lors, le nombre de Russes se disant « orthodoxes » a baissé de 6 points, à 57%, poursuivant le mouvement déjà observé précédemment.

Selon Roman Lunkin, directeur du Centre des études sur la religion et la société à l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie, cette baisse vient du fait que nombre de Russes qui se disaient « orthodoxes » par atavisme culturel et national découvrent qu’en fait ils ne le sont pas.

En revanche le nombre de jeunes qui se disent orthodoxes est en hausse, de 23% en 2019 à 29% aujourd’hui.

Roman Lunkin suggère que cela est dû au fait qu’il y a de plus en plus d’églises, avec notamment un jeune clergé qui fait connaître la religion à ceux qui s’y intéressent.

La proportion de « pratiquants » parmi les Russes qui se disent « orthodoxes » a considérablement progressé, de 7% à 15%. (Par « pratiquants » on entend les gens inscrits et actifs dans une paroisse. C’est une notion difficilement comparable avec celle de la pratique dans l’Eglise latine, car la vénération des icônes est pour les orthodoxes un sacrement, une véritable pratique, même quand on ne fréquente l’église que pour les grandes fêtes. Le fait que la proportion de « pratiquants » attachés à une paroisse ait plus que doublé montre que la vénération domestique des icônes conduit de plus en plus à la fréquentation de l’église.)

La persécution

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Les fidèles de Kiev sont venus en masse à la divine liturgie, hier, pour soutenir les moines de la laure des Grottes de Kiev. La liturgie était présidée par le métropolite Onuphre, assisté du supérieur de la Laure le métropolite Paul de Vychgorod et Tchernobyl, un grand nombre d’autres évêques et de prêtres. Le métropolite Onuphre a notamment déclaré :

« Nous ignorons ce qui va se passer. Mais rappelons-nous que la Laure a été construite par l’Église, personne d’autre. À l’époque de l’athéisme militant, elle était tombée en décrépitude, et nous avons reçu un tas de ruines en 1988 à cet endroit. Notre Église a reconstruit ce saint monastère. Nous considérons injuste que l’on nous retire la permission de célébrer dans ce saint lieu. Je vous demande, chers frères et sœurs, de prier afin que le Seigneur fasse changer d’avis ceux qui veulent expulser la communauté monastique de ce lieu. Que continuent à brûler ici les veilleuses de la prière, pour que chacun de vous puisse venir ici, accéder aux saints Sacrements et vénérer les reliques des saints de Dieu de la Laure ! Par les prières de nos saints Pères Antoine et Théodose, de tous les saints de la Laure des Grottes, que le Seigneur bénisse notre Terre par la paix, afin qu’avec les saints nous cheminions ensemble sur la voie du salut menant au Royaume céleste, dans le Christ Jésus notre Seigneur ! ».

Voici l’émouvant Credo chanté par les milliers de fidèles qui ne pouvaient entrer dans l’église :

Et voici l’intégralité de la divine liturgie (ça commence juste avant 20′ et c’est sublime). Avec une ordination diaconale. A 3h38 le début de la procession vers les grottes.

L’archevêque de Rovno et Ostrog Pimène a appelé les chrétiens orthodoxes à élever leur voix pour défendre la Laure des Grottes de Kiev. « En tant qu’ancien moine de la Laure des Grottes de Kiev, je ne peux accepter sans douleur ce qui se produit, aussi je demande à tous les chrétiens orthodoxes à se dresser pour la défense du sanctuaire, d’élever leurs voix. Je n’appelle pas aux barricades, aux actions illégales, mais j’appelle à parler de l’iniquité dans la sphère publique, sur le plan juridique, à écrire des lettres aux ministres, aux députés, aux gens qui pensent qu’ils peuvent tout faire. »

Les fonctionnaires qui expulsent les moines de la Laure, « en fait, laissent le sanctuaire sans prière, laissent des centaines de moines sans leur domicile, laissent les fidèles sans le lieu dans lequel ils cherchent consolation et salut pour leur âme ».

Actuellement se manifestent des actions qui « étaient autrefois déployées à l’égard de la foi et des fidèles par les militants de formation soviétique ».

« Comprenant que les athées militants de l’État ont pour but l’anéantissement de l’Église orthodoxe ukrainienne, et qu’ils y aspirent avec persistance, je demande à tous les chrétiens orthodoxes l’unité, pour défendre leur foi ! Je demande de soutenir le supérieur et la communauté monastique de la Laure des Grottes. Ils se trouvent maintenant dans une situation difficile, mais très salvatrice. Allons à l’office, soutenons par la prière, par une bonne parole, élevons nos voix dans la sphère publique. Que se fassent entendre des paroles justes, haut et fort, que le Seigneur nous aide. »

Le patriarche de Moscou Cyrille a adressé un appel aux Primats des Églises orthodoxes locales, au Pape de Rome François, au Patriarche de l’Église copte Tawadros II, au chef de la Communion anglicane Justin Welby, au secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises Jerry Pillay, au Secrétaire Général des Nations Unies António Guterres, à la Secrétaire Générale de l’OSCE Helga Maria Schmid, à la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe Marija Pejčinović-Burić, à Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, et Matteo Mecacci, directeur du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE.

Il rappelle que la décision d’expulsion des moines de la laure des Grottes de Kiev vient après toute une série de persécutions, de vexations et une vaste campagne médiatique de désinformation. Il poursuit : « La Laure des Grottes de Kiev est le premier monastère de la Rus’ de Kiev, existant depuis le XIe siècle, l’ancêtre de la tradition spirituelle et monastique commune des peuples russe, ukrainien et biélorusse. C’est le berceau de notre civilisation et des cultures nationales. C’est là que fut écrit le premier document historique de la Russie ancienne, La chronique des temps passés, c’est de là que prennent leur source les lettres et la littérature de nos peuples. Au cours de son histoire millénaire, la Laure, à plusieurs reprises, a souffert des incursions, des conquêtes étrangères et des persécutions pures et simples contre les chrétiens. Mais ce n’est qu’à l’époque du pouvoir athée militant, au XXe siècle, que la communauté monastique de la Laure des Grottes de Kiev a été expulsée du monastère. De nouvelles générations de moines ont fait renaître le monastère, produit des efforts colossaux et consacré des fonds importants – avec une aide minimale de l’État, voire son absence – à la restauration du monastère, à la remise en état des églises de la Dormition et du Réfectoire, qui ont été maintenant enlevées à la communauté – mais, et c’est le principal, à la renaissance des anciennes traditions spirituelles et à la vie monastique complète. »

 « La Laure reste l’un des plus grands monastères orthodoxes du monde, réunissant plus de deux cents moines et novices. Sur son territoire est également situé le centre administratif de l’Église orthodoxe ukrainienne et vivent des centaines de futurs membres du clergé, les étudiants de l’Académie et du Séminaire ecclésiastiques de Kiev ».

Le primat de l’Église orthodoxe russe a souligné que l’ultimatum des autorités de l’État adressé à la Laure des Grottes de Kiev « fait ressortir l’absence de justifications juridiques suffisantes ». « Il est regrettable que, malgré les déclarations des dirigeants de l’Ukraine quant à leur attachement aux normes démocratiques, à la voie européenne de développement, à l’observance des droits et libertés de l’homme, ces droits et libertés sont piétinés de la façon la plus flagrante. »