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Saint Augustin

Les trois étapes de la conversion de saint Augustin, un modèle pour chaque être humain. Cinquième et dernière catéchèse de Benoît XVI sur saint Augustin, le 27 février 2008.

Saint Augustin a été un chercheur passionné de la vérité : il l’a été dès le début et ensuite pendant toute sa vie. La première étape de son chemin de conversion s’est précisément réalisée dans l’approche progressive du christianisme. En réalité, il avait reçu de sa mère Monique, à laquelle il resta toujours très lié, une éducation chrétienne et, bien qu’il ait vécu pendant ses années de jeunesse une vie dissipée, il ressentit toujours une profonde attraction pour le Christ, ayant bu l’amour pour le nom du Seigneur avec le lait maternel, comme il le souligne lui-même. Mais la philosophie également, en particulier d’inspiration platonicienne, avait également contribué à le rapprocher ultérieurement du Christ en lui manifestant l’existence du Logos, la raison créatrice. Les livres des philosophes lui indiquaient qu’il y d’abord la raison, dont vient ensuite tout le monde, mais ils ne lui disaient pas comment rejoindre ce Logos, qui semblait si loin. Seule la lecture des lettres de saint Paul, dans la foi de l’Église catholique, lui révéla pleinement la vérité. Cette expérience fut synthétisée par Augustin dans l’une des pages les plus célèbres de ses Confessions : il raconte que, dans le tourment de ses réflexions, s’étant retiré dans un jardin, il entendit à l’improviste une voix d’enfant qui répétait une cantilène, jamais entendue auparavant : tolle, lege, tolle, lege, « prends, lis, prends, lis ». Il se rappela alors de la conversion d’Antoine, père du monachisme, et avec attention il revint au codex de Paul qu’il tenait quelques instants auparavant entre les mains, il l’ouvrit et son regard tomba sur la lettre aux Romains, où l’Apôtre exhorte à abandonner les œuvres de la chair et à se revêtir du Christ. Il avait compris que cette parole, à ce moment, lui était personnellement adressée, provenait de Dieu à travers l’Apôtre et lui indiquait ce qu’il fallait faire à ce moment. Il sentit ainsi se dissiper les ténèbres du doute et il se retrouva finalement libre de se donner entièrement au Christ : « Tu avais converti mon être à toi », commente-t-il. Ce fut la première conversion décisive.

Le rhéteur africain arriva à cette étape fondamentale de son long chemin grâce à sa passion pour l’homme et pour la vérité, passion qui le mena à chercher Dieu, grand et inaccessible. La foi en Christ lui fit comprendre que le Dieu, apparemment si lointain, en réalité ne l’était pas. En effet, il s’était fait proche de nous, devenant l’un de nous. C’est dans ce sens que la foi en Christ a porté à son accomplissement la longue recherche d’Augustin sur le chemin de la vérité. Seul un Dieu qui s’est fait « tangible », l’un de nous, était finalement un Dieu que l’on pouvait prier, pour lequel et avec lequel on pouvait vivre. Il s’agit d’une voie à parcourir avec courage et en même temps avec humilité, en étant ouvert à une purification permanente dont chacun de nous a toujours besoin. Mais avec cette Veillée pascale de 387, comme nous l’avons dit, le chemin d’Augustin n’était pas conclu. De retour en Afrique et ayant fondé un petit monastère, il s’y retira avec quelques amis pour se consacrer à la vie contemplative et à l’étude. C’était le rêve de sa vie. A présent, il était appelé à vivre totalement pour la vérité, avec la vérité, dans l’amitié du Christ qui est la vérité. Un beau rêve qui dura trois ans, jusqu’à ce qu’il soit, malgré lui, consacré prêtre à Hippone et destiné à servir les fidèles, en continuant certes à vivre avec le Christ et pour le Christ, mais au service de tous. Cela lui était très difficile, mais il comprit dès le début que ce n’est qu’en vivant pour les autres, et pas seulement pour sa contemplation privée, qu’il pouvait réellement vivre avec le Christ et pour le Christ. Ainsi, renonçant à une vie uniquement de méditation, Augustin apprit, souvent avec difficulté, à mettre à disposition le fruit de son intelligence au bénéfice des autres. Il apprit à communiquer sa foi aux personnes simples et à vivre ainsi pour elles, dans ce qui devint sa ville, accomplissant sans se lasser une activité généreuse et difficile, qu’il décrit ainsi dans l’un de ses très beaux sermons : « Sans cesse prêcher, discuter, reprendre, édifier, être à la disposition de tous – c’est une lourde charge, un grand poids, une immense fatigue. » Mais il prit ce poids sur lui, comprenant que précisément ainsi il pouvait être plus proche du Christ. Comprendre que l’on arrive aux autres avec simplicité et humilité, telle fut sa véritable deuxième conversion.

Mais il y a une dernière étape du chemin d’Augustin, une troisième conversion : celle qui le mena chaque jour de sa vie à demander pardon à Dieu. Il avait tout d’abord pensé qu’une fois baptisé, dans la vie de communion avec le Christ, dans les Sacrements, dans la célébration de l’Eucharistie, il serait arrivé à la vie proposée par le Discours sur la montagne : à la perfection donnée dans le baptême et reconfirmée dans l’Eucharistie. Dans la dernière partie de sa vie, il comprit que ce qu’il avait dit dans ses premières prédications sur le Discours de la montagne – c’est-à-dire ce que nous à présent, en tant que chrétiens, nous vivons constamment cet idéal – était erroné. Seul le Christ lui-même réalise vraiment et complètement le Discours de la montagne. Nous avons toujours besoin d’être lavés par le Christ, qu’il nous lave les pieds et qu’il nous renouvelle. Nous avons besoin d’une conversion permanente. Jusqu’à la fin nous avons besoin de cette humilité qui reconnaît que nous sommes des pécheurs en chemin, jusqu’à ce que le Seigneur nous donne la main définitivement et nous introduise dans la vie éternelle. Augustin est mort dans cette dernière attitude d’humilité, vécue jour après jour.

Saint Joseph Calasanz

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La congrégation fondée au début du XVIIe siècle à Rome par saint Joseph Calasanz pour l’enseignement gratuit des enfants pauvres s’appelle précisément « Ordre des Pauvres Clercs réguliers des Écoles pies de la Mère de Dieu ». Ces clercs sont appelés « piaristes ».

Leur blason remonte aux origines de l’ordre. On remarque qu’il est entièrement marial, et doublement marial, avec le monogramme Ave Maria couronné, et l’abréviation de « Mère de Dieu » qu’on trouve sur les icônes : ΜΡ ΘΥ. Comme si Joseph Calasanz avait voulu unir les Eglises d’Orient et d’Occident, ce qui n’est pas banal à cette époque, et surtout n’a a priori aucun rapport direct avec la vocation de la congrégation. Et l’expression « Mère de Dieu » dans l’intitulé de la congrégation est elle-même étonnante, à une époque où en Occident on dit surtout « la Sainte Vierge ». Je n’ai rien trouvé à ce sujet sur internet.

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De la férie

Dans le martyrologe romain on trouve aujourd’hui, en septième position :

A Nicomédie, la passion de saint Adrien, fils de l’empereur Probus. Pour avoir reproché à Licinius la persécution déchaînée contre les chrétiens, il fut tué par ordre de cet empereur. Son oncle Domice, évêque de Byzance, fit inhumer son corps dans le faubourg de la ville appelé Argyropolis.

L’empereur Probus régna vers la fin de ce qu’on a appelé « la petite paix de l’Eglise », entre 260 (Gallien) et 303 (Dioclétien).

On trouve aussi cet Adrien ce jour dans le calendrier byzantin : « saint martyr Adrien le Prince » :

Il était, dit-on, fils de l’empereur romain Probus (276-282). Il vivait à Byzance avec son oncle Dométios, qui devint évêque de la ville après Tite. Converti au christianisme après la mort de son père, il désirait ardemment souffrir le martyre pour parvenir à la perfection. C’est dans ce but qu’il se rendit à Nicomédie, pour y trouver l’empereur Licinius et le blâmer des persécutions qu’il infligeait aux chrétiens. Après avoir confessé sa foi, il fut soumis à la torture et gagna finalement la couronne du martyre en étant décapité. Par la suite, saint Métrophane transféra sa précieuse relique à Argyropolis et la déposa près de celles d’Adrien et de Nathalie, et du saint apôtre Stachys.

Mais il est en deuxième position. Le saint commémoré ce jour par la liturgie byzantine est un autre Adrien, martyr lui aussi à Nicomédie, mais de la persécution de Maximien, en 305, donc un peu avant (Licinius a régné de 308 à 324).

A Akoulinino

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Soyouz TV retransmettait ce matin la divine liturgie d’Akoulinino, pour la grande consécration de la nouvelle église par le patriarche Cyrille. Il n’est pas facile de trouver Akoulinino sur une carte : c’est un hameau à quelque 50 km au sud de Moscou. Il y eut bien une chapelle en bois au XVIIe siècle, puis en pierre, construite au siècle suivant par les princes Obolenski, et entièrement détruite sous le bolchevisme.

En 1995 il y avait huit maisons.

Pourtant en 2018 le patriarche a béni un projet d’église, construite à partir de 2021.

Une grande église. On comprend mieux quand on sait que le hameau est le lieu de résidence de l’oligarque Vladimir Iakounine. C’est l’ineffable et regretté Navalny qui avait « révélé » et dénoncé en 2013 l’existence à Akoulinino de la datcha de « 75 millions de dollars » de Iakounine (57 millions d’euros selon Wikipedia), avec sa piscine, son sauna, et sa salle de prière climatisée pour les icônes et les livres précieux.

Iakounine, qui a été notamment président des chemins de fer russes et de l’Union mondiale des chemins de fer, est le président de la Fondation Saint-André qui fait la promotion de la famille et des valeurs traditionnelles, et il est derrière la Fondation Déploie tes ailes qui vient en aide aux enfants handicapés, malades et orphelins. Il est aussi doyen du département des politiques publiques à la faculté des sciences politiques de l’université de Moscou, président du conseil d’administration de l’Institut de recherche Dialogue des civilisations (Forum de Rhodes), et il a été coprésident avec Thierry Mariani de l’association Dialogue franco-russe (c’est pourquoi il a la Légion d’honneur).

Il n’est dit nulle part que c’est lui qui a financé cette nouvelle église Saint-Michel d’Akoulinino. Mais cela paraît évident. D’ailleurs on le voit au premier rang pendant presque toute la cérémonie.

Le curé, le Père Sérapion, est un moine de la Trinité-Saint-Serge (originaire… d’Estonie), qui dit joliment : « La construction de l’église dans le village d’Akoulinino à notre époque est la restauration de la justice historique et de la connexion sacrée des temps. »

Saint Barthélemy

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Andrea di Bonaiuto, 1367 (musée de Houston).

Commentaire de l’évangile (Luc 6, 12-19) par saint Ambroise (leçons des matines au troisième nocturne).

Ce sont les grandes âmes, les âmes sublimes qui gravissent la montagne. Car le Prophète ne dit pas au premier venu : « Monte sur une haute montagne, toi qui évangélises Sion ; élève ta voix avec force, toi qui évangélises Jérusalem. » Efforcez-vous, non de vos pieds corporels, mais par de grandes actions, de gravir cette montagne et de suivre Jésus-Christ, afin de pouvoir être aussi vous-même une montagne. Car, parcourez l’Évangile, et vous trouverez que les disciples furent les seuls à monter avec lui sur la montagne. Le Seigneur prie donc, non pour lui, mais pour moi. Car bien que le Père ait tout remis en la puissance du Fils, néanmoins le Fils, pour remplir son rôle d’homme, juge qu’il doit prier pour nous son Père, parce qu’il est notre avocat. « Et il passa, dit le texte, toute la nuit à prier Dieu. » C’est un exemple qui vous est donné, ô Chrétien, c’est un modèle qu’on vous prescrit d’imiter. Car, que ne devez-vous pas faire pour votre salut, quand le Christ passa toute la nuit à prier pour vous ? Qu’est-il convenable que vous fassiez, ayant quelque œuvre de piété à entreprendre, puisque le Christ, avant que d’envoyer en mission ses Apôtres, se mit en prière, et pria seul ? Et on ne voit pas ailleurs, ce me semble, qu’il ait prié avec ses Apôtres. Partout il est seul à prier. C’est que les désirs des hommes ne comprennent pas les desseins de Dieu, et personne ne peut pénétrer dans l’intérieur de Jésus-Christ. « Il appela ses disciples, dit le texte, et il choisit douze d’entre eux, » qu’il destinait à procurer aux hommes le secours du salut dans tout l’univers, en y répandant la semence de la foi. Remarquez en même temps l’économie du plan céleste. Ce ne sont ni des savants, ni des riches, ni des nobles, mais des pêcheurs et des publicains qu’il a choisis pour cette mission : de peur qu’il ne semblât avoir usé auprès de quelques âmes, soit des artifices de la prudence pour les séduire, soit des richesses pour les acheter, soit de l’autorité du pouvoir et du prestige de la noblesse pour les amener à sa grâce : le Sauveur voulait que ce soit l’empire de la vérité, et non la force de l’éloquence, qui triomphât des esprits.

La citation du « Prophète » est du chapitre 40 d’Isaïe :

Ascénde in montem excélsum, qui evangelízas Sion : exálta in virtúte vocem tuam, qui evangelízas Jerúsalem.

Le texte de saint Ambroise est très proche de celui de la Vulgate, qui ne sera publié que quelques années plus tard :

Super montem excelsum ascende tu qui evangelizas Sion, exalta in fortitudine vocem tuam qui evangelizas Jerusalem.

Cette phrase se trouve également dans un répons de l’Avent, comme d’autres expressions de ce très messianique chapitre 40 d’Isaïe (où se trouve aussi la prophétie de saint Jean Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert », etc.).

Saint Philippe Béniti

Philippe Béniti ou Benizi eut pour patrie Florence, et sortait de la noble maison de Benizi, établie dans cette ville. Ses parents, qui avaient une grande piété, eurent un soin extrême de bien élever leur fils. La grâce seconda leurs vues, et le jeune Philippe, après avoir préservé son âme de la corruption du monde, s’établit solidement dans la crainte de Dieu. Lorsqu’il eut achevé son cours d’humanité dans sa patrie, il vint à Paris pour y étudier la médecine, et ce fut par un motif de charité qu’il voulut s’appliquer à cette science. Galien, tout païen qu’il était, en lui détaillant les effets merveilleux de la nature, le portait continuellement à s’élever vers Dieu, qui en est l’auteur, à le bénir et à l’adorer. De Paris, ses parents le firent venir à Padoue; il y continua les mêmes études et y prit le grade de docteur.

De retour à Florence, il prit quelque temps pour délibérer sur le genre de vie qu’il devait embrasser, et pria le ciel avec ferveur de lui faire connaître la route qu’il devait suivre pour accomplir parfaitement la volonté divine. Il y avait quinze ans que l’ordre des serviteurs de la vierge Marie, autrement appelés Servites, avait été institué. Leur supérieur, Bonfiglio Monaldi, à la prière de quelques personnes de piété, fonda près d’une des portes de Florence un petit couvent avec une chapelle dédiée sous le titre d’Annonciation de la sainte Vierge. Philippe Béniti étant entré dans cette chapelle pour y entendre la messe, le jeudi de la semaine de Pâques, fut singulièrement frappé à la lecture de ces paroles de l’épître, adressées par l’Esprit Saint au diacre Philippe : Avancez et approchez-vous de ce chariot. Comme il portait le nom de Philippe, il s’appliqua ce texte de l’Ecriture, et il crut que c’était une invitation que lui faisait le Saint-Esprit de se mettre sous la protection de la Mère de Dieu dans le nouvel ordre.

La nuit suivante, il eut un songe mystérieux, où il s’imaginait être dans un vaste désert rempli de précipices, de rochers, d’épines, de pièges et de serpents venimeux, en sorte qu’il ne voyait pas le moyen d’échapper à tant de dangers. Pendant qu’il était dans la crainte et la consternation, il crut voir la sainte Vierge qui l’invitait à entrer dans le nouvel ordre, comme dans un lieu de refuge. Le lendemain matin, il réfléchit sérieusement à ce qui lui était arrivé. Il reconnut sans peine que cet affreux désert était le monde, et qu’il fallait une vigilance extrême et une grâce extraordinaire pour en éviter les écueils. Il se persuada donc que Dieu l’appelait dans l’ordre des Servites et qu’il lui offrait la protection de la sainte Vierge, comme un asile assuré. Il alla trouver le bienheureux père Bonfiglio, qui lui donna l’habit dans la petite chapelle où il avait entendu la messe. Il demanda par humilité à être reçu en qualité de frère convers. Ayant fait sa profession le 8 septembre 1233, il fut envoyé, par son supérieur au mont Senario, pour y être occupé aux divers travaux de la campagne. Il les offrit à Dieu en esprit de pénitence et y joignit le recueillement le plus parfait. Lorsqu’il était libre, il se renfermait dans une petite grotte située derrière l’église, pour y vaquer à l’exercice de la prière. Les délices célestes qu’il y goûtait lui faisaient souvent oublier le soin de son propre corps.

Il cachait avec grand soin son savoir et ses talents, qui cependant à la fin furent découverts. Ceux qui conversaient avec lui admiraient sa prudence toute céleste et la lumière avec laquelle il parlait des matières spirituelles. Etant au couvent qui avait été depuis peu fondé à Sienne, il eut à s’expliquer sur certains points controversés, en présence de plusieurs personnes très éclairées; il le fit avec tant d’habileté, que ceux qui l’entendirent en furent frappés d’admiration. On engagea les supérieurs à tirer cette lumière de dessous le boisseau, pour la placer sur le chandelier. Ceux-ci obtinrent une dispense du Pape pour lui faire recevoir les saints ordres; mais il ne consentit à ce changement d’état que par obéissance. Peu de temps après, on le fit définiteur et assistant du général; il devint lui-même général en 1267. Après la mort du pape Clément IV, les cardinaux assemblés à Viterbe jetaient les yeux sur lui pour l’élever à la papauté. Dès qu’il fut instruit de leur dessein, il se retira dans les montagnes, avec un religieux de son ordre, et y resta caché jusqu’à l’élection de saint Grégoire X. Sa retraite lui fut d’autant plus agréable qu’elle lui fournit l’occasion de redoubler ses austérités et de se livrer uniquement à la contemplation. Il ne vivait que d’herbes desséchées et ne buvait que de l’eau d’une fontaine qui est connue aujourd’hui sous le nom de Bain de saint Philippe et située sur une montagne appelée Montagnat.

Il quitta son désert, brûlant d’un nouveau zèle pour allumer dans les cœurs le feu de l’amour divin. Ayant prêché en plusieurs endroits de l’Italie, il nomma un vicaire pour gouverner son ordre en sa place, puis il partit avec deux de ses religieux pour faire une mission qui devait avoir une grande étendue. Il prêcha avec un succès incroyable à Avignon, à Toulouse, à Paris, et dans d’autres grandes villes de France; la Flandre, la Frise, la Saxe et la Haute-Allemagne furent aussi les théâtres de son zèle. Après deux ans d’absence, il revint, en 1274, tenir à Borgo le chapitre général de son ordre. Il voulut s’y démettre de sa place; mais on ne lui accorda point ce qu’il demandait; il fut, au contraire, confirmé dans le généralat pour toute la vie. La même année, il alla au second concile général de Lyon, où le pape saint Grégoire X présidait en personne, pour y solliciter la confirmation de son ordre, qu’il obtint.

Il annonçait la parole de Dieu dans tous les lieux par lesquels il passait. Il avait reçu du ciel un talent extraordinaire pour la conversion des pécheurs, de ceux surtout qui étaient divisés par des haines. L’Italie était alors déchirée par des discordes intestines, et principalement par les factions politiques des Guelfes et des Gibelins. On avait souvent essayé, quelquefois avec succès, de remédier à ces maux; mais on n’avait réussi qu’à l’égard de quelques personnes. Le feu de la discorde s’était rallumé dans la plupart des esprits avec plus de violence que jamais. Philippe calma l’animosité des factions prêtes à s’entre-déchirer, à Pistoie et dans plusieurs autres lieux. Il rétablit aussi la paix à Forli, mais ce ne fut pas sans courir de grands dangers. Les séditieux l’insultèrent et le battirent dans les différents quartiers de la ville. Leur fureur cependant se laissa désarmer à la fin, par la douceur et la patience invincibles du saint (Acta Sanct., et Godescard, 23 août).

Rohrbacher, Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 8, ch. 75.

Saint Jean Eudes

Être chrétien, c’est être enfant de Dieu et avoir un même Père avec Jésus- Christ, son Fils unique : à ceux qui l’ont reçu il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). Je m’en vais à mon Père, et à votre Père, dit notre Sauveur (Jn 20, 17). Voyez quel amour de notre Père vers nous, qui veut que nous soyons appelés, et que nous soyons en effet enfants de Dieu, dit saint Jean (I Jn 3, I). Par la création, Dieu est notre créateur, notre principe, notre cause efficiente, notre roi, notre souverain; et nous sommes sa créature, son ouvrage, ses  sujets et ses serviteurs. Mais par notre régénération et nouvelle naissance qui se fait au Baptême, et en laquelle nous recevons un nouvel être et une nouvelle vie toute divine, Dieu est notre Père, et nous sommes ses enfants, et nous pouvons lui dire : Notre Père qui es aux cieux.

En suite de quoi :

1. Comme nous sommes sortis, par cette nouvelle naissance, du sein de Dieu notre Père, aussi nous y demeurons toujours, et il est nécessaire qu’il nous porte continuellement dans son sein. Autrement, s’il était un moment sans nous y porter, nous perdrions au même temps le nouvel être et la nouvelle vie que nous avons reçue de lui au Baptême.

2. Nous sommes frères de Jésus-Christ, de son sang et de sa race royale et divine, et nous entrons dans sa généalogie. De là vient que le chrétien, le nouvel homme et la nouvelle créature qui n’est née que de Dieu, ne connaît point d’autre généalogie que celle de Jésus-Christ, ni d’autre Père que Dieu : N’appelez personne votre «Père» sur la terre (Mt 23, 9). Nous ne connaissons plus personne selon la chair, dit saint Paul (2 Co 5, 16). Et Notre Seigneur : Ce qui est né de l’Esprit est esprit (Jn 3, 6).

3. Nous sommes cohéritiers du Fils de Dieu, et héritiers de Dieu. Ô merveilles ! Ô dignité ! Ô noblesse ! Ô grandeur du chrétien ! Renonçons à Satan, donnons-nous à Dieu avec un grand désir de vivre désormais comme vrais enfants de Dieu, de ne pas dégénérer de la noblesse de notre naissance, de ne pas faire tort à notre race, et de ne pas déshonorer notre Père.

Un chrétien, c’est un membre de Jésus-Christ. À raison de quoi nous avons une alliance et union avec Jésus-Christ beaucoup plus noble, plus étroite et plus parfaite que les membres d’un corps humain et naturel n’ont avec leur chef. D’où il s’ensuit : 1. que nous appartenons à Jésus-Christ, comme les membres à leur chef ;- 2. que nous sommes en sa dépendance et en sa conduite, comme les membres sont en la dépendance et en la conduite de leur chef ; -3. que nous ne sommes qu’un avec lui, comme les membres ne sont qu’un avec leur chef. Donnons-nous à Jésus-Christ comme ses membres, et faisons profession désormais de vivre de sa vie. Car ce serait une chose bien monstrueuse de voir un membre vivre d’une autre vie que de la vie de son chef. À raison de quoi saint Grégoire de Nysse dit que le christianisme, c’est faire profession de vivre de la vie de Jésus-Christ.

Entretiens intérieurs, 9.

(Dans un autre texte, saint Jean Eudes donne même la citation de saint Grégoire de Nysse en latin : Christianismus est professio vitae Christi. Mais on ne trouve rien de tel chez saint Grégoire de Nysse, même si l’idée évidemment se trouve chez lui comme chez les autres pères. La vraie citation, dans la lettre sur « la profession chrétienne », est : « Le christianisme est l’imitation – mimèsis – de la nature divine » χριστιανισμός ἐστι τῆς θείας φύσεως μίμησις. « Mimèsis » est à prendre au sens platonicien le plus fort, qui contient une idée de participation et de relation vivante.)

A Iekaterinbourg

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Soyouz retransmettait ce matin la divine liturgie depuis l’église de l’Annonciation de Iekaterinbourg. Elle a été construite entre 2010 et 2015 d’après le modèle des églises de la région de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle (baroque ouralien ou sibérien). « L’iconostase en porcelaine, d’une beauté unique et décorée de près de 8 kilogrammes d’or, a été réalisée par les maîtres ouraliens d’Ouralmachzavod. » Il reste à réaliser les peintures murales, et à aménager le parc de la Transfiguration qui lui permettra de « revendiquer le titre d’église la plus spectaculaire de Iekaterinbourg ». L’église possède une icône de la Mère de Dieu de Tikhvine du XVIIe siècle (don de Viktor Maslakov, maître d’œuvre au niveau politique de l’aménagement du quartier, « l’un des plus grands projets intégrés d’aménagement du territoire en Russie ») et une icône de la Mère de Dieu de Kazan du XVIIIe. (On voit Viktor Maslakov à partir de 2h19, c’est le laïc à gauche ; il est vice-président de l’Assemblée législative régionale. L’autre est Alexis Vorobyev, le promoteur du quartier, qui a donné l’idée de la construction de l’église ; il est aussi secrétaire régional de « Russie Unie ».)

Une minute de paradis liturgique : le chant pendant l’épiclèse, entre 1h26’40 et 1h28’19. (Nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons grâce, Seigneur, et nous te prions, ô notre Dieu.)

13e dimanche après la Pentecôte

La présentation de l’épître et de l’évangile par le bienheureux cardinal Schuster :

Dans l’épître aux Galates (3, 16-22), l’Apôtre fait observer que la loi donnée à Moïse quatre cent trente ans après la divine promesse faite à Abraham et à sa postérité, ne put en abolir les effets, celle-ci étant antérieure, gratuite et absolue, tandis que celle-là eut le caractère d’un contrat temporaire, bilatéral et sujet à annulation du fait de l’une et de l’autre parties. Israël a, le premier, annulé le contrat en reniant le Messie ; il est donc juste que Dieu, lui aussi, abroge la Loi, la remplaçant par l’Évangile. En conséquence, tout monopole religieux cesse dès lors pour les Hébreux, et tous les croyants sont appelés à avoir part à l’héritage de foi promis à Abraham. La lecture de saint Luc (17, 11-19) avec le récit de la guérison des dix lépreux, dont un seul, le Samaritain, se montra reconnaissant envers Jésus, prélude à l’orientation future des apôtres qui, chassés par la perfide Judée, se tourneront vers les Samaritains et les Gentils pour leur annoncer l’Évangile avec un grand succès. Ainsi par un secret mais juste jugement de Dieu, les parias de la religiosité juive, qu’étaient les schismatiques de la Samarie et les païens, deviennent les prémices du nouveau royaume messianique, tandis que les héritiers d’Abraham et de David renoncent avec mépris à l’héritage de la Foi.

Le propre grégorien.

L’introït.

Le graduel.

L’alléluia.

L’offertoire.

La communion.