« Bruxelles crée un monde orwellien sous nos yeux. Ils achètent et fournissent des armes par l’intermédiaire de la Facilité européenne pour la paix. Ils veulent contrôler les médias par le biais de la Loi sur la liberté des médias. Nous n’avons pas combattu les communistes pour nous retrouver dans 1984 ! »
Catégorie : Europe
Fico : c’est parti…
Stefan Löfven, président du parti socialiste européen (et ancien Premier ministre de Suède), déclare que si Robert Fico et son parti SMER continuent de rendre les « fascistes ukrainiens » responsables de la guerre il envisagera d’entamer la procédure d’expulsion du SMER du PSE.
Robert Fico a répondu qu’il s’attendait plutôt à des félicitations qu’à des menaces, il a qualifié de « chantage » les propos « antidémocratiques et autoritaires » de Löfven et a ajouté : « Si notre exclusion du parti international doit être le prix à payer pour la poursuite d’un véritable programme de gauche en Slovaquie et l’expression d’opinions souveraines, nous sommes prêts à payer ce prix. »
Le SMER avait déjà été suspendu du PSE en 2006 pour avoir formé un gouvernement de coalition avec le Parti national slovaque « d’extrême droite » (ce qui risque fort de se reproduire).
Le PSE est sous la pression des Verts : « C’est l’heure de vérité pour le groupe des socialistes et démocrates au Parlement européen. Ils doivent décider s’ils veulent vraiment continuer à siéger dans un groupe avec des eurodéputés d’un parti qui diffuse ouvertement de la désinformation du Kremlin, qui attaque les minorités et la liberté de la presse. »
Et aussi sous la pression du Parti populaire européen (PPE), qui fait remarquer qu’il s’est débarrassé quant à lui du Fidesz de Viktor Orban…
Revoilà la Slovaquie
Robert Fico a gagné les élections en Slovaquie, malgré l’intense et honteuse campagne montée contre lui… en Tchéquie (ce qui a conduit l’ancien président Vaclav Klaus à sortir de son silence pour s’excuser au nom de son pays). Et il vient d’être nommé Premier ministre. Espérons qu’il formera rapidement une coalition.
Robert Fico (prononcer Fitso) est théoriquement social-démocrate, mais il est eurosceptique, anti-immigration, anti-LGBT, anti-woke, et « pro-russe ».
Bref, revoilà la Slovaquie en tandem avec la Hongrie, et Viktor Orban n’a pas caché sa joie. Fico avait déjà gouverné entre 2006 et 2018 (avec une interruption de deux ans), et il avait donc participé aux grandes heures du Groupe de Visegrad (Pologne-Tchéquie-Slovaquie-Hongrie) quand celui-ci s’opposait à Bruxelles et esquissait une autre Union européenne respectueuse des nations.
Naturellement, les racines communes de la Hongrie et de la Slovaquie sont beaucoup plus anciennes, puisque la capitale de la Hongrie fut longtemps… Bratislava (Presbourg, Pozsony), lorsque les Ottomans occupaient la plus grande partie de la Hongrie. Puis la Hongrie fit partie de l’empire austro-hongrois et le territoire slovaque faisait partie du royaume de Hongrie…
Aujourd’hui, le retour au pouvoir de Robert Fico, en pleine guerre en Ukraine, est important parce qu’il est contre toute aide à l’Ukraine et pour des rapports normaux avec la Russie, comme le voisin hongrois.
Il est amusant de constater qu’il redevient Premier ministre le jour « historique » où le débris Borrell convoque à Kiev tous les ministres des Affaires étrangères de l’UE (la première fois qu’ils se réunissent en dehors de l’UE) pour marquer le soutien résolu de l’UE à l’Ukraine. Désormais il y a deux pays contre ce soutien, et ça va finir par se remarquer…
Devinez qui est de retour ! Félicitations à Robert Fico pour son indiscutable victoire aux élections parlementaires slovaques. Il est toujours bon de travailler avec un patriote. J’attends cela avec impatience.
Addendum. Aucune décision n’a été prise lors de la réunion « historique » de Kiev. La Hongrie n’était pas représentée par son ministre des Affaires étrangères mais par un secrétaire d’Etat…
A noter toutefois l’envolée de la Baerbock: « L’avenir de l’Ukraine est dans l’Union européenne, dans notre communauté de liberté, et elle s’étendra bientôt de Lisbonne à Lougansk. Chaque village, chaque mètre que l’Ukraine libère, chaque mètre où elle sauve son peuple, élargit également son chemin vers l’UE. » Mais Lougansk est aujourd’hui la capitale d’une République de la Fédération de Russie, et au nord-est de ce qui reste de l’Ukraine non seulement l’armée ukrainienne n’a pas pris un mètre, mais l’armée russe a pris, ces dernières semaines, plusieurs dizaines de kilomètres carrés, davantage que ce que les Ukrainiens ont pris au cours de quatre mois de contre-offensvie dans le sud.
Addendum 2. Il n’y avait pas non plus le ministre suédois, qui avait « oublié son passeport »…, ni le letton, qui « a le covid »…, ni le polonais, « pour plusieurs raisons, principalement la santé »…
Toujours la Hongrie…
Le nouvel ambassadeur de Hongrie à Minsk, Zita Ilona Bencsik, a présenté ses lettres de créances à Alexandre Loukachenko et a participé à la réception donnée en l’honneur des dix nouveaux ambassadeurs.
La Hongrie est le premier pays de l’UE à nommer un ambassadeur en Biélorussie depuis la rupture des relations diplomatiques des pays occidentaux suite à la non-reconnaissance du résultat des élections de 2020.
Les Russes ont bombardé Hiroshima
Vous ne le saviez pas ? On le voyait venir, en mai dernier, quand le G7 réuni à Hiroshima a commémoré à grands renforts de sanglots hypocrites l’horreur du bombardement atomique, sans dire qui en était responsable, et embrayant aussitôt sur le danger nucléaire que fait peser la Russie.
Ursule a compris alors que c’était la Russie qui avait bombardé Hiroshima. Et hier elle l’a dit carrément.
C’était à la remise des prix de l’Atlantic Council. L’Atlantic Council est un organisme américain très proche de l’OTAN et aussi notamment un tremplin pour intégrer le gouvernement américain. On ne sait pas au nom de quoi Ursule décerne les prix de l’Atlantic Council. Mais comme elle outrepasse en permanence, et dans l’indifférence génréale, son rôle de présidente de la Commission européenne, on n’est pas à cela près…
C’est donc elle qui a remis hier un prix, non pas même à un Européen, mais au Premier ministre japonais Fumio Kishida. Elle l’a bien sûr félicité pour son soutien au régime de Kiev et sa lutte contre la Russie. « L’Ukraine et toute l’Europe vous en seront à tout jamais reconnaissants. » Puis elle a rappelé que Kishida était originaire d’Hiroshima, et sans un mot sur les Etats-Unis elle a poursuivi :
« Beaucoup de vos proches sont morts lorsque la bombe atomique a rasé Hiroshima. (…) La Russie menace d’utiliser à nouveau des armes nucléaires. C’est dégoûtant, c’est dangereux et, à l’ombre d’Hiroshima, c’est impardonnable. »
« Russia threatens to use nuclear weapons once again. »
Il est plus que temps de l’enfermer.
Pas d’ »acte d’hostilité » sur les poulets…
Pour aider l’Ukraine, la Commission européenne avait suspendu les droits de douane. Les produits agricoles ukrainiens ont donc commencé à déferler sur le territoire de l’UE, à des prix imbattables… Face aux restrictions d’importation imposées unilatéralement par les pays voisins de l’Ukraine qui ne pouvaient plus supporter ce dumping, la Commission avait fini par édicter une interdiction temporaire sur certains produits. L’interdiction expire demain. La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie menacent de prendre des mesures drastiques si Bruxelles ne la prolonge pas.
Chez nous c’est tout le contraire. Alors que les importations de poulet ukrainien (à très bas prix) ont augmenté de 75% en six mois, le ministre de l’Agriculture a déclaré qu’il n’était pas question de demander à Bruxelles une clause de sauvegarde. « Je ne veux pas envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine », a-t-il répondu au président des éleveurs, ajoutant même que l’activation de la clause de sauvegarde pourrait être assimilée à un « acte d’hostilité »…
La France reste le meilleur petit soldat de l’UE. On est content que les sanctions contre la Russie fonctionnent comme un boomerang, on est content aussi que la suspension des droits de douanes aide l’Ukraine contre la Russie au détriment de nos paysans.
Le gouvernement français sait pourtant que les volailles d’Ukraine sont le monopole d’un oligarque, Youri Kosiouk, dont l’entreprise cotée à la bourse de Londres est domiciliée à Chypre… Mais peut-être est-ce justement à lui qu’il ne faut pas envoyer de signal hostile, ou plus simplement a-t-il les moyens de convaincre le gouvernement français de ce qu’il ne doit pas faire…
Hypocrites
Le Financial Times rapporte que les pays de l’UE auront importé une quantité record de gaz naturel liquéfié russe cette année. Pour au moins 5,3 milliards d’euros… L’Espagne achète 18% des exportations totales de gaz russe, la Belgique 17%. Les exportations russes vers l’UE ont bondi de 40%.
En toute légalité : le gaz naturel liquéfié n’a pas été inclus dans les sanctions…
Cela n’empêcha pas, bien entendu, comme on l’a déjà signalé, que les importations de pétrole russe continuent malgré les sanctions. Le pétrole russe passe seulement par la Chine, la Turquie, et surtout l’Inde (dont le Premier ministre était l’invité vedette de notre dernier 14-Juillet…). L’Inde avait multiplié par 22 ses achats de pétrole russe en 2022, et chaque mois elle bat un nouveau record d’importation, et d’exportation du pétrole raffiné. En juin dernier, l’Inde a exporté en Europe 5,1 millions de barils de gazole et 3,2 millions de barils de kérosène.
L’UE aussi, bien sûr
Revoilà l’Egyptienne de Borrell, qui ne se rappelle pas sans doute que l’UE a interdit RT et Sputnik :
Réaction de Maria Zakharova, porte-parole du minstère russe des Affaires étrangères :
Madame Massrali, nous sommes très heureux que vous ayez attiré l’attention sur l’état des médias et les droits des journalistes dans le monde. Il est vrai que le Niger ne fait pas partie de l’UE. Mais apparemment, vous avez une interprétation extensive de vos pouvoirs. Voyons ce qu’il en est dans votre domaine de compétence directe. Le ministère russe des Affaires étrangères tient des statistiques sur ces violations depuis plusieurs années. Il est dommage que vous ne le sachiez pas. Donc : – Sur décision du Conseil de l’UE, les chaînes de télévision russes Channel One, Russia 1, NTV et REN TV, ainsi que tout contenu des chaînes RT et Sputnik, et la licence de Tsargrad ont été suspendus. – Des sanctions personnelles ont été prises à l’encontre de journalistes et de directeurs de médias russes : Oleg Dobrodeyev, Pavel Gusev, Alexei Pimanov, Dmitry Kiselev, Margarita Simonyan, Boris Korchevnikov, Marina Kim, Kirill Vyshinsky, Kirill Kleimyonov, Marina Akhmedova et bien d’autres encore. Maintenant à propos des pays de l’UE : – L’Autriche inflige des amendes pour la rediffusion de documents de RT et de Sputnik. – En Bulgarie, les émissions de RT et de Sputnik sont restreintes. – En Allemagne, la Commission d’autorisation et de surveillance (ZAK) a interdit la diffusion de RT DE en RFA. – En Italie, les comptes de VGTRK ont été bloqués. – En Lettonie, Russia RTR, Russia 24, TV Centre, THT, CTC, RTVI, Peretz !, RBC, Moya Planeta, Domashny, NTV et 18 autres chaînes de Gazprom-Media Holding ont été interdites de rediffusion, l’accès à lenta.ru, ria.ru, vz.ru a été bloqué, et le rédacteur en chef de Sputnik Lituanie, Marat Kasem, a été placé en état d’arrestation. – Toutes les chaînes russes ont été interdites en Lituanie et tous les sites web permettant de les regarder en ligne ont été bloqués. – Au Luxembourg, la diffusion de RT et de Sputnik a été interrompue. – À Malte, la diffusion par satellite des chaînes de télévision russes a été bloquée. – En Pologne, RT, RT Documentary, RTR-Planeta, Soyuz TV et Rossiya 24 ont été interdites. – En Finlande, la diffusion de RT a été interrompue. – En France, les chaînes de médias sociaux Sputnik ont été suspendues, les comptes de RT France ont été bloqués, les chaînes de télévision russes RTR Planeta, Rossiya 24 et TV Centre ont été désactivées, et l’autorité de régulation des médias a cessé de diffuser Channel One, Russia 1 et NTV. – En Estonie, RTR Planeta, NTV Mir et Russia 24 ont cessé d’émettre, tous les sites web permettant de les regarder en ligne ont été bloqués, et l’accès aux sites web d’informations russes ntv.ru ; ren.tv ; 5-tv.ru ; 78.ru ; 1tv.com ; lenta.ru ; tass.ru a été bloqué. Il ne s’agit là que d’une partie d’un mécanisme global de violations systématiques des droits des médias et des journalistes sur le territoire de l’UE. Il s’agit d’une atteinte très grave au droit à l’information et à la liberté d’expression. Il est urgent de rétablir la justice, de résoudre les difficultés liées à la situation actuelle sur le territoire de l’Union européenne. Nous en parlons depuis des années. Après cela, vous pourrez vous pencher en toute liberté sur la situation au Niger. En attendant, tant que l’UE fait la même chose qu’au Niger, ce n’est pas à vous de juger.
La Pologne et l’UE
Ce n’est pas parce que la Pologne participe plus qu’à son tour à la russophobie européenne et à l’effort de guerre contre la Russie qu’on doit oublier les fondamentaux. A savoir notamment que la Pologne n’est pas du tout un bon élève sur le plan de la reconnaissance du pouvoir absolu de l’UE sur les Etats membres.
La Commission européenne vient de déposer une plainte contre la Pologne auprès de la Cour de Justice de l’UE parce que le Tribunal constitutionnel polonais sape la primauté du droit de l’UE.
C’est toujours l’affaire des arrêts du Tribunal de 2021 qui avaient conclu que sur des points précis de son fonctionnement les traités de l’UE n’étaient pas conformes à la Constitution polonaise. La Commission européenne avait ouvert une procédure d’infraction le 22 décembre 2021.
Une autre procédure européenne vise le même Tribunal constitutionnel parce que sa présidente (depuis 2016) serait une amie de Jarosław Kaczyński, et en raison d’irrégularités (selon les diktats de l’UE) dans la nomination en 2015 de trois de ses juges…
Eurodélire
La commission des Affaires étrangères du Parlement européen, qui doit sans doute s’ennuyer ferme, a adopté par 49 voix contre 3 et 2 abstentions une résolution qui condamne une fois de plus le régime d’Alexandre Loukachenko, mais demande cette fois à la Cour pénale internationale « d’envisager » d’émettre un mandat d’arrêt international contre le président biélorusse.
Motif ?
« La Biélorussie est responsable des dommages causés et des crimes commis en Ukraine, notamment par le rôle du régime dans les transferts illégaux d’enfants. »
Donc, puisque la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Poutine coupable d’avoir sauvé des enfants ukrainiens, il faut faire de même avec Loukachenko, dont on n’avait pas entendu dire jusqu’ici qu’il ait quoi que ce soit à y voir.
Jusqu’à hier. Car hier, le journal anglais The Telegraph a « révélé », dans un article « exclusif », que Loukachenko est « impliqué dans un crime de guerre présumé : des garçons et des filles âgés de six ans seulement sont emmenés dans des camps dans le cadre d’une « déportation forcée ». »
Combien ? « Des milliers ». Précisément « 2.150 ». Répartis dans « quatre camps ».
L’accusation est portée par Pavel Latouchko, ancien ministre de la Culture de Biélorussie, ancien ambassadeur, présentement « vice-président » du gouvernement en exil dit « cabinet uni de transition », où il est chargé du « transfert du pouvoir ».
Latouchko ne vit plus en Biélorussie depuis septembre 2020. Il a d’abord fait partie du présidium du « Conseil de coordination pour le transfert du pouvoir » et il a créé trois mois plus tard « Gestion nationale anticrise », un gouvernement fantôme dont il est évidemment le chef, puis en février 2023 il quitte le Conseil de coordination. Mais dès la formation du « cabinet uni de transition », le 9 août 2022, il est son vice-président (la présidente étant la célèbre Sviatlana Tsikhanouskaya).
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