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Brexit

Les nominations de Boris Johnson ne passent pas inaperçues… D’abord il a fait de Dominic Cummings l’un des ses principaux conseillers officiels. Dominic Cummings fut le stratège de la campagne du référendum. Il misa tout sur une technique nouvelle (par rapport aux meetings traditionnels), avec l’aide de la société canadienne AggregateIQ : analyser les réseaux sociaux, recueillir un maximum de données, notamment sur les citoyens qui habituellement ne votent pas, et inonder les réseaux sociaux de messages ciblés. Il fut aussi l’inventeur du slogan génial : « Take back control » : reprenez le contrôle. Son personnage – complexe – est devenu le héros de l’excellent téléfilm Brexit : the uncivil war qui dévoilait les dessous de la campagne.

Il a nommé ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui était ministre du Brexit et avait démissionné pour protester contre l’attitude de Theresa May qu’il jugeait trop conciliante avec Bruxelles. Il est partisan de suspendre le Parlement, s’il le faut, afin de sortir de l’UE sans accord.

Il a nommé ministre de l’Intérieur Priti Patel, étiquetée comme « ultraconservatrice » parce qu’elle « a voté contre le mariage pour les personnes de même sexe et a un temps soutenu la peine de mort ». Le bandeau de son compte twitter est une photo de Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

Dominic Raab est fils d’un juif tchèque réfugié, et Priti Patel est fille d’immigrés de l’Inde. Selon les réflexes d’aujourd’hui, on ne peut pas les critiquer trop durement sans être taxé d’antisémitisme et de racisme…

La nomination la plus étonnante est sans doute celle de Jacob Rees-Mogg comme « leader de la Chambre des communes », à savoir ministre des relations avec la chambre des députés (remplaçant éventuellement le Premier ministre lors des séances de questions au Premier ministre), et « lord président du conseil privé de Sa Majesté ». Car Jacob Rees-Moog est un catholique militant, et il martèle très ouvertement et très calmement qu’il est contre tout avortement et contre le « mariage » des paires sexuelles, et plus généralement qu’il se tient à l’enseignement de l’Eglise catholique sur les questions de foi et de mœurs… Il a six enfants. Un chroniqueur du Guardian écrit : « Jacob Rees-Moog, qui s’oppose à l’avortement en cas de viol, et qui s’oppose ardemment aux droits LGBTQ, est maintenant l’un des plus puissants hommes politiques de Grande-Bretagne. »