Je n’avais pas l’intention d’évoquer le nouvel épisode de l’affaire de la statue de Jean-Paul II à Ploërmel, mais il circule tellement d’âneries sur internet que je me sens contraint de rappeler ce que j’ai déjà dit en d’autres circonstances.
Il est vain, et surtout erroné, de s’en prendre aux juges ou à la justice. Mais c’est beaucoup plus grave que cela. Ce qu’on lit un peu partout ne relève pas seulement d’une erreur juridique, c’est d’abord une méconnaissance de ce que sont les « valeurs de la République ». Or on ne peut pas critiquer de façon crédible l’idéologie des « valeurs de la république » si l’on ne sait pas ce qu’elles sont en matière de « laïcité ».
Les juges ne font qu’appliquer la loi :
Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.
Ce ne sont donc pas les juges qui sont en cause, c’est la loi. C’est elle qu’il faut contester. Or cette loi est celle qui « fonde la laïcité », qui est l’une des principales « valeurs de la République ». La laïcité, cela consiste donc notamment à interdire d’ériger quoi que ce soit de religieux dans l’espace public. Où l’on voit clairement que la « laïcité » est un combat anti-religieux, et spécifiquement anti-catholique. C’est cela qu’il faut dire, et non en rester à la critique d’un jugement qui n’est pas critiquable au vu de la loi.
D’autre part, cela devient pénible de lire que s’il en est ainsi il faut démolir aussi les églises qui sont dans l’espace public, et les croix des carrefours, et celles des cimetières, et enlever les tableaux religieux des musées, etc. La loi dit explicitement que tout cela n’est pas en cause. Il s’agit uniquement d’interdire « à l’avenir », à partir de 1905, tout nouveau signe religieux dans l’espace public. L’article 28 de la loi de 1905 est un coup d’arrêt signifié à l’Eglise, en attendant qu’elle disparaisse par le jeu des autres dispositions de la loi.