Close

Principium

« Si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans votre péché. Ils lui dirent donc : Qui es-tu ? Jésus leur dit : Le Principe, moi-même qui vous parle. »

La Vulgate a ainsi traduit un texte grec difficile qui occupe les exégètes depuis toujours et les occupera jusqu’à la fin du temps.

A priori, le texte grec dit à peu près : « Depuis le commencement, cela même que je vous dis. » C’est-à-dire : Je Suis ce que je dis, Je Suis ma Parole, Je Suis le Verbe. Depuis le commencement, dès l’origine. Or il est lui-même cette Origine. Le Principe. L’évangile de saint Jean commence par « In principium » (èn arkhè). Comme c’est le même mot qui est ici utilisé (tèn arkhèn), il est logique de traduire « Le Principe, moi-même qui vous parle ». Le sens complet étant : Je Suis le Principe, celui qui est ce qu’il dit. (« Je Suis » étant évidemment une allusion directe à la révélation du Sinaï, l’affirmation de sa divinité.)

Le problème grammatical est que « tèn arkhèn » est un accusatif. On considère qu’il s’agit d’un accusatif de durée pour le traduire par « depuis le commencement », et les hellénistes disent qu’on ne peut pas traduire « le Principe », parce que le mot serait au nominatif (hè arkhè) et non à l’accusatif. Mais il est attesté que l’accusatif peut être utilisé dans une « apostrophe véhémente » qui sous-entend « je vous dis que ». Or ici il y a « apostrophe véhémente », et « je vous dis que » n’est pas seulement sous-entendu, il est carrément souligné par ce qui suit.

C’est pourquoi la traduction de la Vulgate, pour audacieuse qu’elle soit, est parfaitement légitime. Et divinement géniale, comme le plus souvent.