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L’escalade

D’abord il n’était pas question d’envoyer en Ukraine des armes offensives, puis on en a envoyé. Il n’était pas question d’envoyer des chars, puis on en a envoyé. Il n’était pas question d’envoyer des avions, puis on en a… promis. Il n’était pas question d’envoyer des missiles à longue portée, puis on en a envoyé, mais à condition que ne soient pas visées des cibles sur le territoire de la Russie.

La nouvelle escalade est grave : elle consiste à permettre à l’Ukraine d’envoyer des missiles au cœur de la Russie. Le Royaume-Uni, qui dirige cette guerre depuis le début, a déjà unilatéralement donné cette permission. Des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour que soit prise la même décision, ce qui devrait être fait dans les jours qui viennent. D’autant que le chef de l’OTAN Jen Stoltenberg a pris hier la même position : « Le moment est venu pour les alliés de réfléchir à la possibilité de lever certaines des restrictions qu’ils ont imposées sur l’utilisation des armes envoyées à l’Ukraine », et précisément de donner à Kiev « la possibilité d’utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire russe ». C’est ce qu’a demandé aussi la semaine dernière Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale.

Dès la permission accordée par le Royaume Uni, la Russie a fait savoir que la riposte légitime serait de frapper les cibles britanniques « en Ukraine et au-delà ». Car la fiction a volé en éclats selon laquelle les armes utilisées par l’Ukraine ne sont pas des armes de l’OTAN mais des armes ukrainiennes puisque achetés par l’Ukraine. Il y a longtemps que l’Ukraine ne peut plus acheter d’armes et qu’on les lui donne : « les armes envoyées à l’Ukraine », dit bien Stoltenberg. Les armes de l’OTAN, avec instructeurs de l’OTAN, et renseignements de l’OTAN. C’est donc clairement l’OTAN qui attaque la Russie. Il ne servira à rien de gémir quand la Russie ripostera sur le territoire ennemi : celui des pays de l’OTAN fournisseurs de missiles à longue portée. Dont la France.